Quatre jeunes musiciens du Derbyshire
fascinés par les Beatles - Len
Riley (basse), Keith
Riley et Brian
Wood (guitares) et Tag Waggett (batterie - rencontrent en 1970 après
cinq années d'écumage de pubs locaux avec leurs compositions
personnelles (assez rares en 1965 les groupes anglais non abonnés
aux reprises) le mentor de Black
Sabbath et de Joe
Cocker Tony Hall. Aussitôt est signé un contrat sur le petit
label Neon et l'album "Riley Riley Wood &
Waggett" voit le jour.
Un disque qui sera apprécié par
la presse mais que le public ne rencontrera pas, malgré des
premières parties de concerts conséquents (Fleetwood Mac, Pink
Floyd, Love, Jethro Tull...). Son style, trop mélodique et parsemé
de sonorités country soft américaine ne cadrait pas avec la
grandiloquence envahissante du rock progressif en plein boum en
Angleterre. Ajoutons un management défaillant et la faillite du
label Neon. Des formations aux reins plus solides s'en seraient
probablement sorti, pas Shape of the Rain, dont la carrière s'arrêta
en 1973 après des mois d'errances, entre petits concerts et
maquettes de studio pour un hypothétique nouveau contrat.
Devenu petite pièce de
collection,"Riley Riley Wood & Waggett" connaitra une
réédition en Cd au début des années 2000 via le label allemand Repertoire. Cherry Red s'en empare aujourd'hui, cinquante ans plus
tard et publie une anthologie exhaustive digne de ce groupe resté
inconnu, mais dont le sort aurait probablement changé s'il avait été dans de bonnes mains.
Le coffret de 3 Cd propose le premier album remastérisé avec
quelques bonus studio, un deuxième Cd très intéressant avec les
maquettes du deuxième album fantôme restées dans les tiroirs et
enfin un troisième Cd de titres live (en 68, 70 et 73) .
La musique du Shape of the Rain des
débuts (1970) tient bien la route, on pense (de loin) à Badfinger
(le groupe de Pete Ham que produisait McCartney), ils savent bien
rocker (“Woman”, “Yes”) tout en sachant se faire charmants
(“Patterns”, “Wasting my time”). On ne niera pas cependant
une forme de lassitude, une petite faiblesse dans les compos, un rien
répétitives, sauvées par les éclats inventifs des deux
guitaristes. Plus tard, lors des sessions enregistrées en 1973 par
des ingénieurs du son aux noms qui deviendront célèbres (Steve
Lillywhite, Geoff Emerick), on se prend à regretter que ce groupe
soit resté à l'écart. Il y avait alors un petit mouvement en
Angleterre, à contrecourant du progressif, qui remettait les
guitares déliées à l'honneur, citons Wishbone Ash, son fer de
lance. Nul doute, à l'écoute d'un "I don't need
nobody" que Shape of the Rain y aurait tenu une place honorable.
SHAPE OF THE RAIN I don't need nobody (Audio seul 1973)