Riley Riley Wood & Waggett

Shape of the Rain

par Francois Branchon le 06/07/2020

Note: 7.5    
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Quatre jeunes musiciens du Derbyshire fascinés par les Beatles - Len Riley (basse), Keith Riley et Brian Wood (guitares) et Tag Waggett (batterie - rencontrent en 1970 après cinq années d'écumage de pubs locaux avec leurs compositions personnelles (assez rares en 1965 les groupes anglais non abonnés aux reprises) le mentor de Black Sabbath et de Joe Cocker Tony Hall. Aussitôt est signé un contrat sur le petit label Neon et l'album "Riley Riley Wood & Waggett" voit le jour.

Un disque qui sera  apprécié par la presse mais que le public ne rencontrera pas, malgré des premières parties de concerts conséquents (Fleetwood Mac, Pink Floyd, Love, Jethro Tull...). Son style, trop mélodique et parsemé de sonorités country soft américaine ne cadrait pas avec la grandiloquence envahissante du rock progressif en plein boum en Angleterre. Ajoutons un management défaillant et la faillite du label Neon. Des formations aux reins plus solides s'en seraient probablement sorti, pas Shape of the Rain, dont la carrière s'arrêta en 1973 après des mois d'errances, entre petits concerts et maquettes de studio pour un hypothétique nouveau contrat.

Devenu petite pièce de collection,"Riley Riley Wood & Waggett" connaitra une réédition en Cd au début des années 2000 via le label allemand Repertoire. Cherry Red s'en empare aujourd'hui, cinquante ans plus tard et publie une anthologie exhaustive digne de ce groupe resté inconnu, mais dont le sort aurait probablement changé s'il avait été dans de bonnes mains. Le coffret de 3 Cd propose le premier album remastérisé avec quelques bonus studio, un deuxième Cd très intéressant avec les maquettes du deuxième album fantôme restées dans les tiroirs et enfin un troisième Cd de titres live (en 68, 70 et 73) .

La musique du Shape of the Rain des débuts (1970) tient bien la route, on pense (de loin) à Badfinger (le groupe de Pete Ham que produisait McCartney), ils savent bien rocker (“Woman”, “Yes”) tout en sachant se faire charmants (“Patterns”, “Wasting my time”). On ne niera pas cependant une forme de lassitude, une petite faiblesse dans les compos, un rien répétitives, sauvées par les éclats inventifs des deux guitaristes. Plus tard, lors des sessions enregistrées en 1973 par des ingénieurs du son aux noms qui deviendront célèbres (Steve Lillywhite, Geoff Emerick), on se prend à regretter que ce groupe soit resté à l'écart. Il y avait alors un petit mouvement en Angleterre, à contrecourant du progressif, qui remettait les guitares déliées à l'honneur, citons Wishbone Ash, son fer de lance. Nul doute, à l'écoute d'un "I don't need nobody" que Shape of the Rain y aurait tenu une place honorable.





SHAPE OF THE RAIN I don't need nobody (Audio seul 1973)