Paradoxes

Sibyl Vane

par Emmanuel Durocher le 12/02/2006

Note: 6.0    

Le premier vrai album des palois Sibyl Vane (après le Ep "Prêt à porter" de 2003) débute par "3rd song", tempo légèrement militaire, synthé tirant sur l'orgue et quelques notes de piano judicieusement choisies ; la voix fait rapidement son apparition annonçant la couleur plutôt glauque du disque qui porte assez bien son nom vu que "Paradoxes" brasse les genres derrière le vernis vocal new-wave et mélange des morceaux parfois éloignés : quelques instrumentaux tendance post-rock où l'on peut entendre des boucles de clavecin accompagnées de nappes synthétiques ("Autophage"), du piano mélancolique idéal pour la bande son d'un mélodrame victorien ("Strangest ways"), de l'expérimentation free jazz superflue ("Je suis un(e) autre"). Certains titres font même figure d'auto parodie gothico-caverneuse ("Oublions tout") mais d'autres tirent cependant bien leur épingle du jeu : la ligne de basse de "Circus" s'accorde avec les riffs de guitare et les envolées planantes et la new-wave de "Rock icon" est atmosphérique et angoissante comme sortie de "Seventeen seconds" ; il y a aussi quelques réussites vocales quand le chanteur Bernard Cabarrou tire sur les aiguës s'apparentant à Brian Molko pour réussir un certain effet Placebo ou replonge dans les graves pour ressusciter un peu Marquis de Sade ou Marc Seberg et son inoubliable chanteur pantomime Philippe Pascal.

New-wave lyrique et esthétisme sombre, les éléments sont rassemblés pour plaire aux corbeaux mais aussi pour réussir une musique tourmentée, Sibyl Vane doit maintenant choisir ces éléments judicieusement et les développer de manière plus inventive.