| | | par Emmanuel Durocher le 03/03/2008
| | |
| Depuis que les fiers guerriers des contrées du Nord ont cessé de s'étriper et de mourir la hache ou l'épée à la main, on s'ennuie ferme au Walhalla dans le domaine des Dieux. Odin passe alors son temps en écoutant la musique des habitants du Midgard, le royaume des humains. Dans le temps il aimait s'amuser au cours des banquets et autres ripailles avec la déesse Frigg et sa bande de Walkyries pour danser sur les chants des bardes à paillettes Agnetha, Björn, Benny et Anni-Frid mais il s'est calmé et chérit des sons qui conviennent davantage à son domaine glacé : les elfes de Sigur Ros, la fée Stina Nordenstam ou ce viking de l'autre côté de la mer qui parcourt son royaume depuis quelques mois, Lee Hazlewood le cow-boy suédois. Son fils Thor essaye en vain de la convertir à la musique de trolls comme Lordi ou The Hives mais Odin s'en indiffère, il est envoûté depuis peu par le chant d'une sirène de fjords norvégiens.
A la fois magicienne et sorcière, Silje Nes est une pianiste de formation qui préfère s'adonner aux forces occultes minimalistes et trouver une alchimie pour apprivoiser la glace. Ses nombreux collages sonores qui rassemblent synthétiseur, flûte, clochette et bien d'autres instruments sont des estampes fantastiques et délicieusement poétiques évoquant des horizons à la blancheur immaculée et la froideur inégalée ("Over all", "Shapes, electric", "Long shadow left around", "Magnetic moments of spinning objects", "Escape"). Cette quiétude s'accompagne parfois d'une tension sous-jacente qui apparente les chansons à des paysages d'après-guerre en les rendant paradoxalement plus beaux avec des perturbations de guitares saturées qui jouent des tours de passe-passe avec les émotions ("Drown", "Giant disguise", "Searching, white"), mais cela n'empêche pas le soleil de pénétrer la banquise à travers les parenthèses "Dizzy street", "Reccuring dream" ou "Melt" grâce à la simplicité d'une guitare folk et une voix de porcelaine.
Odin peut rester serein, c'est avec des petites perles comme celles-ci, toutes en retenue, à la fois chaleureuses et cryogéniques, qu'il pourra attendre qu'éternité se passe.
|
|
|