Diorama

Silverchair

par Christian Tranchier le 30/09/2002

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Accross the night


Trahison sans retour et sans remords. Désolé pour les amateurs obtus et grincheux de grunge : Silverchair n'est plus. Vive Silverchair ! Déjà, l’album précédent "Neon ballroom" bourgeonnait de tentatives d'accalmie et annonçait un virage franchement pop. Pop : terme générique pour désigner arbitrairement une musique plus accessible ? Plus douce ? Aux angles commercialement arrondis ? Les uns vilipenderont et cracheront sur les brillants leurres que sont "The greatest view" et "Without you", dans lesquels les guitares électriques affrontent et baissent la garde face aux instruments symphoniques. Tandis que les (re)convertis loueront la virtuosité insolente de Daniel Johns, l'ange blond du côté obscur et auteur-compositeur-interprète-co-producteur (!). Ce dernier embarque son groupe vers des contrées inexplorées et passionnantes en substituant opportunément la vaine rébellion acnéique aux sons assourdissants contre la complexité et la dramaturgie des cordes, des cuivres, des claviers,… Autre époque, autres mœurs. Soutenu par de luxueux arrangements, Johns cisèle et enchaîne des perles pop. Le tout avec une aisance et une décontraction désarmantes. Et, sans basculer dans une grandiloquence pompier inhérente à ce type d'orchestration. Au contraire, en état de grâce, "Diorama" enivre dans un souffle lyrique et romantique confondant de naïve sincérité. Du féerique "Tuna in the brine" digne des meilleurs musicals américains, du pop-issime "Luv your life” avec ses chœurs mielleux (c'est un must !), du tendre "My favorite thing" et encore de l'émouvant "After all these years" où piano et violons planent en mode mineur. Une richesse émotionnelle jusqu'alors absente de leur répertoire. Seuls trouble-fête, les dinosaures et indigestes "One way mule" et "The lever". Finalement, ceux-ci, involontairement, permettent d'apprécier le chemin parcouru entre leurs cacophoniques débuts et l'actuel chemin pop. A l'instar d'un Billy Corgan, l'audacieux Daniel Johns fait son "Ava adore". Pourvu qu'il ne tienne pas compte du retour de bâtons. Voici une bien belle trahison.