Errare digital est (par Oli)

Sin

par Oli le 04/04/2002

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Sinker


Après un premier album dérangeant en 1998 ("Noisy pipes lovely noises"), un succès critique et quatre années, la machine Sin repart de plus belle avec "Errare digital est". Jeu de mot (l'erreur est digitale et non plus humaine), antagonisme entre le passé (le latin du titre) et le futur (le langage binaire qui numérote les morceaux), con(in)fluence de Björk et de Nine Inch Nails, tout est là pour nous faire plonger dans un monde cyberpunkisé. Dès la pochette, Sin mélange les univers de l'humain (humour, perception) à ceux de la machine (chiffres, pixels), et c'est vraiment bien à l'image de l'album. "A little rest" entame le Cd, calme puis énervé, ça se distord à foison, ça se tend et ça explose... Les couches de guitares, le chant, les rythmes binaires, quand tout est là, on pense à Nine Inch Nails ou Marilyn Manson (ou LTNO et Punish Yourself bien sur...). Et puis ensuite, sur d'autres titres, c'est nettement plus électro, plus bidouillé, avec un chant très mélodieux ("The day i killed myself"), très pop-rock, un mix bien pesé avec une batterie machinale mise en avant et des loops qui viennent parasiter les titres pour en prendre possession avant que les guitares ne relancent tout le monde dans la direction initiale. C'est alors Front Line Assembly ou les Young Gods qu'il faut citer en référence. Sin cultive l'art du contre-pied tout en retombant sur ses pattes, c'est avec une facilité déconcertante qu'ils nous installent dans leurs titres avant de les faire bugger admirablement - l'erreur est digitale - pour mieux nous remettre dedans. Si par les guitares et le chant parfois rageur ("Dun01"), le Sin peut être métal, par d'autres effets, il est aussi plus techno-house, plus dansant, plus groovy, comment résister à ce pulsant "Hard ebm". Pour en finir avec l'auditeur, rien de tel que "Sinker" : explosion de sons, très mental, le titre est blindé d'effets spéciaux et cette petite mélodie qui passe et repasse devient rapidement une drogue. Puis la reprise de Björk "Army of me" : l'original était très beau, ici les Sin le salissent avec grâce, les riffs de guitares dégoulinent sur le beau refrain saturé qui garde ce rythme diabolique. L'âme de Sin parasite la musique et c'est tant mieux.