Los Locos

Slang

par Frédéric Joussemet le 29/08/2000

Note: 6.0    
Morceaux qui Tuent
Los Locos


La quête d'une transe animale anime Slang. Il n'y a pas de répit dans leurs rythmes incantatoires. Le flot percussif happe les temps, soulève le sol sur lequel basse et saxophone rebondissent. Cette basse langoureuse, fluide ou rageuse, insuffle sa tonalité aux morceaux. Souvent hispanisante ou orientale ("Essaouira"), la musique se déplace sans retenue vers des origines nouvelles, se frottant aux schémas zouk ("Bichique"). Ce terreau fertile permet à Manuel Hermia d'exploiter les multiples facettes de ses vents, à l'aise et aux aguets. La formule du trio est parfaite pour cela : pas de repos pour les musiciens qui tiennent ensemble l'édifice. Basse et contrebasse électrique ; flûte et saxophone ; percussions : un certain Morphine a déjà sévi dans ce registre. Slang s'en rapproche énormément, tout en imposant un style particulier. Quitter la transe, c'est un jazz rock plus banal qui pointe son nez, moins éclatant. Typique du jazz rock européen, les lignes de basse se répètent immuablement, presque jusqu'à l'écoeurement. Tous ici encore jouent à merveille, mais la technique finit par étouffer le feeling par sa mécanique. François Garny est un bassiste/contrebassiste très complet, il le montre juste un peu trop, poussant un peu plus encore à la lassitude. Les percussions tribales de Michel Seba offrent un terrain inattendu à une telle formation, et guident les solos inépuisables du sax ou de la flûte (Michel Seba toujours) vers des rebondissements intéressants. Ce premier disque préfigure de bonnes perspectives pour le groupe.