"Western medicine blues" est une nouvelle pièce de choix dans la discographie de Tim Howard. Fidèle à l’éthique lo-fi depuis ses débuts en 2001, il a encore enregistré quasiment seul son huitième disque en jouant de presque tous les instruments, de la guitare au sax ténor en passant par la rythmique. Mais cette solitude-là est accueillante, et peuplée de bonnes chansons. Howard fait partie de ces types avec lesquels ont ressent une proximité immédiate : Lou Barlow, Jeffrey Lewis, Jonathan Richman, Harry Nilsson… Installé à Brooklyn, Tim fait parler sur "Western medicine blues" sa fibre new-yorkaise : amateurs des Yo La Tengo rétro et acoustiques de "Fakebook" (1990) comme de l’album éponyme et apaisé du Velvet Underground (1969), vous rentrerez dans ce disque comme après une trop longue absence de votre endroit préféré sur Terre.
Fondues dans une matrice folk-rock au classicisme intemporel, chacune des chansons possède un supplément d’âme, le twist mélodique ou la trouvaille d’arrangement qui font mouche et touchent au cœur – clarinette, harmonium, harmonica, les violons country sur "Island to island"... un fourmillement de tubes intimes que dans un élan ingénu on aurait envie de faire écouter au monde entier ("I want to have a baby"). On a souvent l’impression étonnante d’un groupe au complet, sans ego, comme si Tim Howard était parvenu à retranscrire des chansons entendues en rêve ; cela souligne d’autant plus une qualité de production et d’arrangements dont la discrétion ferait presque oublier le grand savoir-faire. En état de grâce, l’instrumental solaire et chargé d’embruns "Blue island" baguenaude même du côté des Beach Boys. Dans une ambiance délicieusement happy sad, il se joue en sourdine la musique du temps qui passe ("Wisterians") : celui qu’il nous reste, on le passera bien volontiers avec ce "Western medicine blues".