Levee town

Sonny Landreth

par Francois Branchon le 13/01/2001

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Godchild
Z. rider
Deep south
Love and glory


Sonny Landreth a une voix honnête et compose de ces chansons blues-rock-country dont regorge la musique américaine, presque une routine de luncheonnette. Mais il possède un atout formidable : il joue merveilleusement de la slide guitare. Loin de toute considération technique (dont on se fout), on ressent six cordes en prise directe sur un coeur et des tripes, les doigts pétrisseurs d'énergie fluide et cool (à l'image d'un Dave Edmunds, versant rock). Cette foutue guitare, omniprésente du début à la fin, glisse, s'immisce, nerveuse et soyeuse, elle ondule et imprime à elle seule le tempo, ne laissant au batteur que le soin de la suivre. Si elle riffe finement, elle dessine aussi toutes les arabesques, bien souvent infernales, les autres musiciens réduits à la portion congrue de rajouter quelques couleurs au décor. "Levee town" en intro ne laisse aucune chance et capture comme un lasso, "This river" qui la suit, possède la légèreté rythmique des meilleurs Doobie Brothers, "Love and glory" est ce ces chansons ultra-classiques qui n'en finissent pas de toucher, l'accordéon se chargeant d'arracher la larme, "Broken hearted road" est un bon blues classique, et il en est ainsi jusqu'à "Deep south", magnifique final à écouter en boucle, gavé de swamp à faire pâlir d'envie un Tony Joe White ! Quant aux deux instrumentaux intercalés, "Spider-gris" et "Z. rider", ils sont éblouissants, Sonny Landreth s'y offrant des vagues de déchaînements soyeux... Laissons de côté le poussif duo "Soul salvation" avec Bonnie Raitt (s'imposait-il ?) et remarquons une incursion zydéco ("The u.s.s. zydecoldsmobile") et "Godchild", qui quitte les rives du Deep South pour des brumes anglaises à la Fairport Convention (on rêve là, sur les traces du violoncelle d'un solo de Richard Thomson ou des vocaux de Sandy Denny...). Si quelqu'un sur terre joue mieux que Sonny Landreth, alors il (elle) est bien planqué(e)...