Spice' Bones

Spice' Bones

par Sophie Chambon le 25/11/2001

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Le p'tit bal perdu
Stairway to heaven
On green Dolphin street
Losers


Comment présenter ce groupe inclassable, provocateur et allumé ? Septet original composé de quatre trombones et d'une section rythmique électrique, ils cultivent volontiers le paradoxe dans le jeu, le choix d'un répertoire, les arrangements et les compositions originales des co-leaders Daniel Zimmermann et Sebastien Llado. Au lieu de se heurter à l'obstacle des influences, ils revendiquent au contraire les métissages : des Beatles à Frank Zappa, de Frank Rosolino à Jay Jay Johnson, de Miles Davis période électrique à l'électronique d'Amon Tobin. Sans oublier la jungle, ou George Russell. L'exploration d'univers différents est le seul genre qu'ils cultivent avec assiduité : il ne s'agit pas d'un collage artificiel, mais d'une incitation permanente au partage. S'ils ne sont pas du tout opposés à la tradition, ils se proposent même de la faire vivre, mais différemment. N'est-ce pas là l'esprit même du jazz ? La reprise de certains standards les titille : ils arrangent à leur façon diablement relevée, pour le final, qui devrait être une des réussites du groupe, "On green Dolphin street". A moins que leur reprise de "Stairway to heaven" ne remporte tous les suffrages. Quand ils s'emparent de ce classique de Led Zeppelin, ils confirment une approche libérée, décloisonnée des territoires musicaux, et leur plaisir encore intact à se frotter à tous les genres. Et avec "Le p'tit bal perdu", les Spice'bones n'ont pas peur d'émouvoir, soulignant la dimension populaire de cette musique tendre, qui parle de racines et d'histoires simples. Mais c'est peut-être avec les propres compositions du groupe, "Dado tango", "Losers", "De la jungle George", que ces jeunes musiciens devraient inscrire leur nom dans l'actualité d'une musique encore en devenir. Dès "Losers" par exemple, premier titre de l'album, un morceau de plus de six minutes qu'ils étirent à plaisir en live, c'est l'envolée d'une batterie déchaînée (Vincent Taeger) à laquelle se joint une guitare franchement électrifiée (Manu Codjia), qui délire et explore d'autres univers, où entrent alors, comme à la parade, des chorus de cuivres 'pêchus'. Un sens véritable de la construction, une mélodie toujours très présente, une douce violence avec des changements de tons, des ruptures de climat et de tonalité. Un groupe bipartite de cuivres sensuels, funk et groovy, soutenus par une rythmique ardente. N'oublions pas de mentionner le bassiste d'origine marseillaise Jean Philippe Morel qui s'en donne à coeur joie avec le batteur, pour pilonner le rythme. Pour être juste, il faudrait les citer tous séparément, alors qu'ils savent se fondre en un alliage irrésistible. Pour la sortie de ce premier disque souhaitons aux Spice' Bones de devenir déjà 'incontournables'.