50th anniversary celebration (V/A)

Stax

par Elhadi Bensalem le 24/06/2007

Note: 9.0    

Avant d'être une siamoiserie de syllabes (celles des fondateurs Jim Steward et Estelle Axton), et un label rhythm & blues aujourd'hui légendaire, Stax c'est un son, presque un style. En 1961, Stax Records qui n'est encore que la maison Satellite Records, basée à Memphis, modeste structure considérée comme un concurrent inoffensif par la toute puissante Motown de Detroit, met sur orbite les Mar-Keys avec "Last night" (qui sera le générique sur-resucé de l'émission française Salut Les Copains). Ce titre va chambouler l'activité de Satellite, faire vendre des singles par camion-benne entiers et adouber ses fondateurs dans le monde impitoyable des charts soul, qui décideront d'accoucher de Stax sous la pression d'un Satellite Records homonyme, californien celui-ci.

Dans cette très belle anthologie en cinquante titres qui célèbre les cinquante ans du label (1957-2007), tous les grands tubes qui ont fait le succès et la gloire de la maison sont en bonne place. De l'instrumental multi platiné "Green onions" de Booker T. et ses MG's, l'équipe qui détient le mojo sonore, jusqu'au hit sans frontières de la légende Otis Redding "(Sittin'on) The dock of the bay" qui file à chaque écoute, et ça ne manque jamais, d'éternels frissons. Celui là même qui après sa mort donnera indirectement un brusque coup d'arrêt au flot de singles dont la qualité n'avait d'égale que les productions Motown alors au sommet de l'olympe noire.

Stax réinventera son propre "Memphis sound" si élégamment typique, résultante du métissage des musiques et des hommes qu'ils soient noirs ou blancs. Jim Steward et Estelle Axton, qui étaient frères et sœurs, et eux même de parfaits visages pâles auront toujours la volonté de réconcilier les communautés, de privilégier le contact humain entre les diverses branches de la hiérarchie du label et de maintenir quoi qu'il arrive cette bienveillante productivité, ce qui gardera provisoirement le label du déclin. Isaac Hayes apportera quant à lui, à l'orée des années soixante dix, le nouveau souffle tant espéré, ce qui donnera des productions plus suaves, moins brutes, avec des éléments de funk alors à son balbutiement et des violons plus appuyés, "Walk on by" piqué à Dionne Warwick, ou l'irrésistible "Watcha see is watcha get" des Dramatics, qui nous téléporterait presque dans la peau d'un authentique maquereau superfly d'époque.

En cinquante pépites magnifiquement remasterisées, cette anthologie nous comble plus que de raison et offre un joli panorama de cette époque bénie. Les claquements de doigts raisonnent encore.