| | | par Nicolas Bremaud le 24/04/2001
| | |
| There is so much beauty I can see, Some of it is there inside of me, Something more than I can say, That lifts my spirit as I drift away (Poem by Laura Anne Taylor Music by Steve L.Kuhn). Steve Kuhn est un pianiste relativement méconnu. Avec cet album enregistré en 1989 en compagnie de Miroslav Vitous à la contrebasse et d'Aldo Romano à la batterie, il signait pourtant un véritable chef-d'oeuvre. Lyrisme intense, romantisme sont ici servis par un classicisme rayonnant de la forme et de l'élocution. Le calme et l'autorité avec lesquels Steve Kuhn construit patiemment son solo sur "lotus blossom", propulsé par une rythmique qui aurait incité d'autres que lui à des déferlements de virtuosité, laissent béats d'admiration. Rigueur et concentration de l'expression excluent ici avec intransigeance tous verbiages et gesticulations. Sur "Oceans in the sky", une des deux compositions originales figurant sur ce disque, la puissance orchestrale du pianiste et le souffle grandiose qui l'anime, sont particulièrement exaltants. Les sublimes "Angela" de Jobim, "Island" d'Ivan Lins, autre compositeur brésilien, et "Passion flower" de Duke Ellington, magnifiquement introduit par "La plus que lente" de Claude Debussy, donnent aussi l'occasion au trio d'atteindre ce si difficile équilibre entre sensibilité et intelligence qui rend cet album si précieux. D'aucuns trouveront peut-être certaines plages à la limite de la mièvrerie mais c'est justement la force de cette musique de se tenir aussi prés de cette limite sans jamais la franchir, ou presque car la langueur qui règne sur "Do" d'Aldo Romano, ou la relative banalité de l'interprétation de "Theme for Ernie" de Frank Lacey, pourraient susciter l'ennui si ces pièces n'étaient pas si bien entourées. |
|
|