Hanapepe dream

Taj Mahal & the Hula Band

par Jean-Louis Schell le 17/10/2002

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Hanapepe deam
King Edward's throne
All along the watchtower


Moins connu qu'un Ry Cooder alors qu'ils ont fait leurs débuts ensemble, Taj Mahal a bien avant son comparse semé ce qu'il est désormais convenu d'appeler de la "world music" dans son blues. Après ses incursions en Inde, en Afrique (le magnifique duo avec Toumani Diabate) et ailleurs, ce passionné des six cordes n'allait pas être en reste à Hawaii. Loin de la monomanie frisant l'orthodoxie psychorigide de certains, le porteur de chapeaux de paille et de chemises bariolées a choisi un chemin moins balisé, moins étiquetable, parcourant, au gré de ses humeurs et certainement de ses découvertes, le monde musical qui lui est cher, en laissant derrière lui de charmants et attachants témoignages d'où il est difficile d'extraire la totalité des racines. Hawaii, donc. L'archipel le plus éloigné de tout continent. L'endroit où la guitare a changé de voie. En effet, amenée là par les premiers colons US, la six cordes, une fois passée entre les mains des insulaires, s'est vu imposer l'open tuning, et découvrir la slide. Ces mêmes colons, de retour au pays, en ont fait l'usage que l'on connaît historiquement, ré-important avec succès ces deux techniques dans le blues et la country. Les Hawaiiens ont fait de même avec le calvaquinho portugais, qui une fois passé entre leurs mains est devenu l'ukulélé (qui n'a pas été en reste dans le triomphe de la kennedy-ènne blonde de "Certains l'aiment chaud" ou du King Presley dans ses films). Taj Mahal, connaissant la musique ou plutôt les musiques sur le bout de ses agiles doigts, s'attaque au monument musical de l'états américain le plus éloigné de Washington. Ici, ni respect figé des coutumes, ni chapelles inutiles. Là où un Bob Brozman se plonge dans une étude méthodique, Taj Mahal préfère le "mondial mix" : un soupçon de rythmiques afro-caribéennes (étonnante reprise de "Stagger Lee"), un doigt de langueurs pacifiques sur une reprise de "All along the watchtower" (allant jusqu'à y inclure du saxo, cet instrument inconnu là-bas), une slide traditionnelle sur un classique de Richie Havens. Tout y est pour faire de ce disque le compagnon idéal d'une après-midi ensoleillée ponctuée de cocktails sucrés. N'y cherchez pas l'authenticité, Taj Mahal ne la guigne pas non plus. Et s'il s'attaque à une (difficile) reprise du classique hawaiien "Living' on easy", sans pour autant égaler la magnifique (mais amusez-vous pour la trouver…) version de Gabby Pahinui et Atta Isaacs, il ne cherche rien d'autre que le plaisir, chose parfois trop oubliée sur de nombreux disques. Tout en écoutant ce disque, faites cuire dans une feuille de bananier du poisson avec un peu de gingembre. Ce n'est pas écrit sur la pochette, mais ça coule de source. http://www.hawaiian.net/~sparrow/taj.html