Entre jazz-tango et électro-tango, "Baila Querida" est une jolie synthèse. Froideur électronique et chaleur du tango font très bon ménage : l'hybridation est poussée, avec un parallélisme fréquent des mouvements instrumentaux et des incursions électroniques. Si le format jazz structure les morceaux grâce au diptyque thème/ solo, aucun style prédéfini (jazz, tango, musique électronique) ne prend véritablement le dessus.
A la différence d'autres projets jonglant également avec le croisement d'influences, les Argentins Tango Crash ne font point de concessions : musicalité et technicité sont au rendez-vous. Les rythmes sont complexes, le son est feutré et dompté, le bandonéon intense, la basse souterraine et les breakbeats cadencés. "Inservible" est peut-être le morceau le plus impressionnant tant ses riffs sont inclassables et ses syncopes dévoreuses. "Baila Querida" (dédié au mentor disparu Joe Zawinul) parvient à nous envoûter grâce à des allures discrètement drum'n'bass, ponctuées de solos instrumentaux élégants.
Il se dégage comme une profondeur intensément crédible. Tango Crash nous raconte des histoires argentines où se mêlent lumière tamisée et léger macabre. L'ambiance est nuitée et dansante, charmeuse ; les éclairs de piano et les voix susurrées créent langueur et apesanteur. Tango Crash nous gratifie ainsi de compositions alternant célérité et gravité. Sans heurts aucuns, ça chaloupe bien.