A ways away

Tara Jane O'Neil

par Jérôme Florio le 26/06/2009

Note: 8.5    
Morceaux qui Tuent
In tall grass
Howl


Comme l'annonce clairement "Dig in" en ouverture, c'est vers l'intérieur que se déploie la musique de Tara Jane O'Neil : un folk-rock zen et hanté en provenance de Portland, des chansons comme des vis sans fin, qui donnent l'impression (fausse) de forer de plus en plus profond.

"A ways away" est en effet Underground au premier abord, avec "Dig in" ou "Pearl into sand", comme de lointains échos du Velvet réverbérés par Mazzy Star : tambourin, guitare slide... son chaud et clairsemé, sensation d'espace et d'isolement. Le paradis, pour un citadin... En électrique Tara joue d'une guitare aux basses profondes, avec un léger effet trémolo ; c'est un picking acoustique aux reflets brillants qui nous fait doucement mais sûrement dériver sur "In tall grass". Tara Jane O'Neil installe une ambiance, elle qui a déjà tâté de la musique de films ou de divers projets d'accompagnement sonore - on parie qu'elle est fan de la B.O. de "Dead Man" (1995) de Jim Jarmusch par Neil Young.

Quelques petites percussions exotiques, une peau frappée métronomiquement, des accords qui tombent à un rythme régulier : Tara est à l'écoute de son horloge interne, qui balance avec une douce torpeur. La voix se fait plus nette sur "Howl", accompagnée par un violon lancinant et une guitare électrique économe, joli sommet que l'on n'a pas vu arriver. O'Neil ne lâche pas le feeling qu'elle a su capter, elle le retient dans un refrain répété (un peu trop peut-être) ad libitum avec de menues variations. Sitôt sortie du bois, la voix repasse aux arrières dans un clair-obscur parfaitement tenu, jusqu'à être presque désincarnée, élémentaire ("Biwa", le bourdon obsédant de "Beast, go along").

Sous le signe de la chute ascentionnelle, "A ways away" est comme un corps incertain entre l'état solide et l'état gazeux. "The drowning electric" termine sur un paysage sonore duquel la voix est absente, mais la personnalité de Tara Jane O'Neil plane partout comme une présence à la fois détachée et d'une enveloppante chaleur maternelle. Une très jolie couette d'été.



TARA JANE O'NEIL A vertiginous one (Clip 2009)