Shadow red hand

Tenderloud

par Emmanuel Durocher le 13/07/2006

Note: 8.0    

Difficile d'obtenir des informations à propos de Tenderloud sur le web à moins de parler danois, on se contentera de savoir que le groupe est composé de cinq garçons qui écument la scène rock de Copenhague et que leur musique ne semble pas vraiment sortir des vents glacés du nord mais plutôt du fin fond d'un désert de l'Arizona.

Tenderloud joue un country-rock rugueux et parfois un peu lourd mais rempli de subtilités grâce à la panoplie d'instruments traditionnels (banjo, guitare dobro, violon) qui viennent s'ajouter à d'autres plus classiques. Le groupe se trouve un peu le cul entre deux chaises, d'un côté leur musique se veut purement américaine comme sur le premier titre "1956" qui glorifie un évènement qui s'est produit du côté de Memphis, Tennessee il y a cinquante ans mais on se rend vite compte qui celui-ci ne peut éviter les influences européennes, ce qui est une très bonne chose car "Shadow red hand" est un album plein de mélancolie et de noirceur sur lequel plane l'ombre de Sixteen Horsepower mais qui évoque aussi d'autres artistes exilés dans leur corps ou leur esprit, on retrouve le piano de Nick Cave sur "White lines", les cuivres de Calexico sur "Old river town" alors que les envolées vocales de "Horses of the woods" rappellent Jim Kerr de Simple Minds à leur apogée, à croire que les grands troupeaux galopent à travers les Highlands. De plus, chaque morceau est servi par d'excellentes mélodies et le rythme ne faiblit jamais, on écoute un alliage de finesse pétillante et de gravité abrupte, à l'image du dernier morceau "Untitled", comme une rencontre improbable entre Herman Düne et Neil Young.

On savait grâce à Lee Hazlewood qu'il y avait des cowboys en Suède, depuis quelques temps, on avait vu le centre de gravité de l'americana se déplacer vers le nord-est avec des artistes comme Thomas Dhybdal ou Nicolai Dunger, on saura dorénavant qu'il y a des desperados au Danemark, des canyons sur les rives de la mer Baltique et un léger goût d'aquavit dans le Jack Daniel's.