The nobody's cool

The Arrogants

par Emmanuel Durocher le 03/08/2005

Note: 8.0    

A la fin des années 80, dans l'ombre des médias, se tissait la toile d'une internationale pop sur laquelle des dizaines de groupes sans prétention (et pas prétentieux non plus) apportaient une fraîcheur bienvenue, exemple le plus éloquent : le défunt label Sarah quand Bristol conjuguait encore la mélancolie à la guitare (avant de le faire de manière plus électronique avec Massive Attack et Portishead). Les voix féminines ne représentaient qu'une petite frange de ces groupes mais ajoutaient un supplément d'âme à cette musique : d'Ecosse jusqu'en Australie, Heavenly, Tallulah Gosh, The Vaselines, The Magnetic Fields ou encore Even as We Speak réchauffaient les ados en peine à coup de mélodies faussement sucrées, mélancolie palpable et rébellion douce.

C'est dans cette veine directe que s'inscrivent les titres des Arrogants (mais aussi le label Shelflife avec d'autres groupes comme The Consultants et Language of Flowers), la décennie 90 a été effacée. Sur ce court album (neuf titres – vingt cinq minutes) paru fin 2002, on retrouve tous les ingrédients recherchés : guitares claires, lignes de basse bien audibles, batterie légère et des textes doux-amers portés par la voix fluette de la chanteuse Jana Written (dont la voix rappelle parfois celle d’Harriet Wheeler des Sundays), sans oublier un look léché largement inspiré par la nouvelle vague du cinéma français des années 60 et en particulier du film "Bande à part" de Jean-Luc Godard (un style peut-être un peu superflu ?). Sorti de cette image un peu agaçante, le groupe fournit une musique qui peut paraître assez anodine voire un peu facile pour certains mais pas... arrogante, et très éloignée de ce que l’on pourrait attendre d’un groupe de Californie du sud : une sorte de spleen gorgé de Soleil, ce qui est finalement assez rare.