Sale cabot

The Blue Seeds

par Emmanuel Durocher le 11/03/2005

Note: 9.0    

Le nom du groupe fait sympathiquement sourire : "les graines bleues", qu'est-ce que c'est censé donner ? Des anémones, du viagra … Toujours est-il que la musique qui pousse est plutôt éloignée des autres Seeds du rock, celles de Sky Saxon ou les mauvaises de Nick Cave ; il faudra donc chercher du côté de la couleur du groupe : une pointe de blues génétiquement croisé avec un peu de folk et de country, un mélange tantôt apaisant, tantôt inquiétant que l'on croirait sorti de la BO d'un film de David Lynch ou Hal Hartley.

The Blue Seeds est la rencontre de deux musiciens québécois, François Dufault et Mark Goodwin, auxquels sont venus se greffer Stuart Patterson et Robert Harris, deux membres de Lil' Buck, le groupe du second. Les compositions de Dufault ont ainsi pu se mêler aux expérimentations sonores de Goodwin avec l'utilisation d'instruments non conventionnels (scie musicale, verres de cristal, dulcimer…) qui se fondent discrètement et parfaitement entre guitare, basse, contrebasse et batterie.

Mais, pour ne rien gâcher, ces quatre morceaux sont portés par le magnifique timbre d'Amélie Laflamme qui permet à la musique de décoller vers de très hautes sphères. Attention, je parle ici d'une chanteuse québécoise à ne surtout pas assimiler aux produits commerciaux de la belle province. Quand Céline Dion mugit, Amélie Laflamme chante, et fait partager la sensibilité que l'on entend dans sa voix, qui s'apparente aussi bien à celle de Beth Gibbons ("Barcelona") qu'à PJ Harvey ("Amphetamines and coffee") ou Hope Sandoval ("Black birds").

"Barcelona, you must surrender", susurre-t-elle sur le premier titre ; ces mots terrifiants (qui rappellent 1939 et la guerre civile espagnole même si ce n'est pas le sujet de la chanson) soulèvent une évidence : devant la grâce de cette musique, il faut se rendre, capituler, se soumettre… en attendant l'album.