Progression (Art of trio Vol 5)

The Brad Mehldau Trio

par Sophie Chambon le 30/09/2001

Note: 7.0    

John Lewis avait fini par "Evolution", et Mehldau continue avec sa rythmique impeccable avec un double album "Progression" enregistré en septembre 2000 au mythique club Village Vanguard de New York. Peut-être suit-il les traces de son aîné, ou ambitionne-t-il de faire mieux que le distingué Keith Jarrett qui n arrête pas depuis vingt ans de reprendre en compagnie de ses deux complices Gary Peacock et Jack De Johnette les standards du jazz ! C est déjà le cinquième volume de sa série d Art of the Trio ! Brad Mehldau poursuit en effet sa géométrie du triangle avec ses complices de toujours, Larry Grenadier (bassiste) et Jorge Rossy (batteur) : à eux trois, ils déstructurent les classiques de Gershwyn, Rodgers & Hammerstein, Monk, triturent longuement des bluettes variétoches, reprises à succès des années 80 "The more i see you", "Cry me a river". Brad Mehldau se livre aussi à l exercice délicat et réussi de la composition (tout de même !) avec "Sublation" et "Resignation". A chaque disque il s agit d une leçon démonstrative au possible : Brad Mehldau en virtuose de l instrument, se joue des rythmes, des styles, des harmonies : il montre une parfaite indépendance des deux mains, déploie une attaque sonore du fond du clavier. Dans ses intros ou codas, il manie la polyrythmie sur des harmonies instables ; en fait, il module sans arrêt, il travaille souvent une partie du thème et pousse à fond certaines trouvailles. Enfin comment ne pas remarquer que cela circule vraiment entre les trois, mélodiquement et rythmiquement. Romantique influencé par Bill Evans (on l a peut-être trop dit, souvent à tort), vrai classique venu au jazz ? On a tellement dit qu il avait trouvé un vrai équilibre entre les deux styles qu il n est peut-être pas intéressant de discuter encore sur ces points. Alors même si on comprend que ses fans se précipitent à ses concerts, et que la presse l encense régulièrement, quand on reste à l entrée de sa musique, on se console en admettant qu il doit s agir d esthétique et d affinités sensibles ! Et puis un double album n était peut-être pas indispensable.