Boy's don't cry

The Cure

par Alexandre Fuster le 09/06/2020

Note: 10.0     
Morceaux qui Tuent
Killing an arab
Fire in Cairo
Grinding halt
Jumping someone else's train
Boys don't cry


A grands coups d’albums dépressifs dans les années 1980, The Cure est devenu LE groupe central de la cold wave ; ‘’Faith’’, ‘’Pornography’’ et ‘’Disintegration’’ sont des objets de culte et de fantasme pour des cohortes de fans avides d’ambiances anxiogènes. C’est oublier que leur plus grand disque, "Three imaginary boys" (dit l’album du frigo), date des débuts, quand il n'était encore qu'un groupe sans prétention, à la croisée du punk et de la pop. "Boys don’t cry", son édition américaine parue l’année suivante a l’avantage d'ajouter les trois premiers singles du groupe, les incontournables ‘’Killing an arab’’, ‘’Jumping someone else’s train’’ et ‘’Boys don’t cry’’.

The Cure, ce sont Robert Smith (guitare, chant), Michael Dempsey (basse) et Lol Tolhurst (batterie). Le trio met en place une musique totalement nouvelle, incroyable par son minimalisme et sa manière de séduire instantanément, pile au moment (concordance des temps) où en Bd la ligne claire, limpide et transparente, vient réinventer Hergé.
De quoi est composé cette formule libératrice ? La basse tient un rôle crucial, imprimant la majeure partie de la mélodie grâce à des impulsions généreuses et hypnotiques, tandis que la guitare joue des motifs simples et pourtant terriblement entraînants. La pop est ramenée à ce qu’elle a de plus basique, de plus évident : une énergie sensorielle, capable de mener au cathartique avec quelques notes répétées inlassablement sur un rythme spontané et généreux, où la guitare se permet de très courtes improvisations se transformant en instants magiques inoubliables. Il y a aussi la présence magnétique de Robert Smith, débordant d’assurance et de classe, jouant la carte du romantique (le mouvement du même nom poindra quelques mois plus tard en Angleterre) mais avec une urgence dans la voix qui captive complètement. 
Le reste de l’album est la brillante déclinaison de trois singles cités : ‘’Plastic passion’’ et son riff épique, ‘’Fire in Cairo’’, porte ouverte sur un monde de lumière et d’émotions brutes, ‘’Grinding halt’’, les inquiétants ‘’10:15 saturday night’’ et ‘’Three imaginary boys’’… Autant de grands morceaux dont la vigueur juvénile ne s’essouffle jamais ! 

"The Eighties start here" titrait le Melody Maker à la sortie de l’album. En accélérant la mutation du punk en une musique éminemment romantique et mélodique, sans se départir de rythmes mordants très rock, The Cure a en effet effectué une plongée en territoire inconnu, terreau fertile pour toute la scène new-wave, désireuse de renouveler un genre pop mis à mal par les seventies. Malheureusement, la suite de cette histoire se fera sans eux : après le très bon "Seventeen seconds" (1980), le groupe s’engluera dans des projets trop ambitieux, certes encensés pour leur musique progressive et intellectuelle mais ayant perdu en élégance et magie. Qu'était devenue cette faculté à ciseler de parfaites chansons, dont la simplicité apparente révélait une grâce aérienne éternellement jeune ?



THE CURE "Killing an arab'' (Audio seul 1978)



THE CURE "Jumping someone else's train'' (Audio seul 1978)



THE CURE "Fire in Cairo'' (Audio seul 1979)



THE CURE "Grinding halt'' (Audio seul 1979)