Thirteen tales from urban bohemia

The Dandy Warhols

par Francois Branchon le 28/06/2000

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Get off
Mohammed
Sleep
Shakin
The gospel


Où faut-il poser l'aiguille de la machine à remonter le temps pour retrouver la trace d'une beauté aussi entraînante ? Le milieu des années quatre-vingt qui vit l'éclosion de chef d'oeuvres de la trempe de "16 lovers lane" des Go-Betweens, "Shine on" de House Of Love ou "Pink frost" des Chills !.. Les Dandy Warhols ont la même force limpide et heureuse que ces prédécesseurs, mais en version américaine, affichant un esprit "country" qu'ils noient sous un psychédélisme, lui aussi presque "acoustique". Il y a ici un maître en architecture sonore, un "metteur en scène de sons" poly-doué, le compositeur-auteur-guitariste-chanteur et producteur Courtney Taylor-Taylor. Il construit ses morceaux comme un cinéaste ses plans, jonglant entre les vocaux, des guitares aux stridences moelleuses et des breaks surprenants, saturés et étincelants en même temps ("Nietzsche"). Hormis une ou deux faiblesses (relatives) où l'inspiration - à moins qu'il ne s'agisse d'hommage - appelle au secours quelques citations (le Lou Reed de "Sweet Jane" pour "Solid" ou les Rolling Stones de "Brown sugar" et "Sympathy for the devil" pour "Bohemian like you"), tout n'est que plaisir dont il est certain qu'il va aller crescendo au fil des écoutes : "Get off", le plus catchy et accrocheur, avec son recyclage malin des gimmicks vocaux d'Ennio Morricone (les "Hoo Ha" du "Good, bad & the ugly"), l'ensorcelant "Mohammed", le paisible "Sleep" et ses arpèges graciles, ses vocaux embrumés, échos de folkeux anglais oubliés (Medecine Head, Dando Shaft..), soudain cerné de nuances électriques et lointaines qui en font le rejeton bandant de Calexico et des Cocteau Twins, "Shakin", très Chills, avec une nouvelle micro-symphonie de guitares qui invente le mouvement perpétuel et n'en finit plus de tourner, tourner, tourner...et enfin "The gospel", le plus apaisé de tous, avec ses choeurs countrysants et sa pedal-steel guitare rappelant le meilleur des Eagles. Les Dandy Warhols viennent de Portland en Oregon, un coin dont l'air doit être particulier (les immortels Kingsmen, l'inventeur de l'acide Ken Kesey, le cinéaste Gus Van Zandt, Elliott Smith, Everclear et Courtney Love sortent de là) et ne se prennent surtout pas au sérieux. Même sans ces préjugés favorables, ils seraient groupe de l'été, de l'année, de...!