The crane wife

The Decemberists

par Emmanuel Durocher le 07/06/2007

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Sons and daughters


Attendu au tournant, ce quatrième album des révoltés de décembre est aussi le premier sorti sur une major, le groupe de Colin Meloy a donc eu du temps (un peu) et des moyens (un peu plus) pour peaufiner "The crane wife" dont le titre (la femme grue) s'inspire d'un conte traditionnel japonais pour enfants, que le chanteur a déniché par hasard dans une librairie de Portland. Mais sorti de la beauté contemplative de la chanson-titre et d'une ou deux échappées ensoleillées ("Summersong"), il est dans cet album essentiellement question de crime ("Shankill butchers", "The perfect crime #2"), de viol ("The island") ou de guerre ("When the war came"), avec quand même une lueur d'espoir dans le refrain de "Sons and daughters" où Meloy chante avec candeur en se répétant "Here all the bombs fade away", les bombes s'évanouissent et disparaissent…

Les Decemberists se promènent comme des oiseaux migrateurs, survolant les sentiers balisés de la musique américaine mais n'hésitent pas à changer de rythme et de décor, passant d'un folk rock légèrement halluciné hérité des Byrds et du Jefferson Airplane à une pop qui se veut légère et lumineuse ou sombre et mélancolique en fonction de l'humeur. Ils s'autorisent également des incursions dans le rock progressif sur des morceaux à rallonge ("The crane wife 1 & 2" et "The island"), chacun de douze minutes, composés de plusieurs sections instrumentales. Il est parfois difficile d'y trouver un ensemble cohérent mais c'est pourtant dans ces titres que la voix de Meloy se fait la plus troublante, à la fois pleine d'assurance et terriblement fragile (finalement très proche de celle de Michael Stipe de R.E.M.). Il semble monter sur des échasses pour chercher en vain à atteindre les étoiles. On ne fera pas le pied de grue en écoutant "The crane wife", album ambitieux et faussement naïf.