| | | par Elhadi Bensalem le 23/11/2007
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| Les villes américaines célèbres pour leurs usines de voitures, de pneus ou de savon, ont cela en commun qu'elles ont cette dernière décennie enfanté nombre de groupes exhumant des styles cinquantenaires, à grands renforts de vieilles consoles, vieux amplis, vieux micros et d'un farouche besoin d'autisme dans un monde qui se jette à corps perdu dans la technologie. A l'instar des Greenhornes de Cincinnati ou des Black Keys d'Akron, les Detroit Cobras, trois filles et deux garçons de
Detroit, fonctionnent à la manière de juke-boxes vivants. Ils recyclent, refondent, jettent, récupèrent, modernisent ou vieillissent, accélèrent ou ralentissent des chansons qui auraient pu exister, ont existé, et dont personne ou presque ne se souvient aujourd'hui. Ayant fait leurs armes dans l'art délicat de la reprise de hits pressés à douze exemplaires dans les fifties, ils reviennent aujourd'hui avec un cinquième album qui explore des chemins plus vertueux. Qui a dit naïf ?
Il y a quelque chose d'insaisissable dans ce "Tied & true". Celui qui prends cet album des Cobras pour une suite logique de velléités garage rock va être déçu par l'apparente désinvolture chaloupée de la plupart des titres. On balance ici dans un curieux mélange de doo-wop, de rockabilly, de soul et de soft rock&roll. L'expérience et le rodage donne une cohérence certaine à cette mixture et on se prend à frissonner à l'écoute de "The hurt's all gone" ou de "Try love". Tout y est, le son, l'attitude, et surtout une véritable "ambiance", ce halo de distance réglementaire entre le groupe et l'auditeur qui rends les disques d'autrefois si charmants et que l'on retrouve ici. Le chant de Rachel Nagy évoque une Nancy Sinatra qui carburerait exclusivement au diptyque clopes/Jack Daniels
le charme opère.
Quant à la nécessité de ce genre de formations, qui pour beaucoup ne font que ressasser des recettes musicales éprouvées, refusant de se mouiller dans une quelconque innovation, on pourrait spéculer indéfiniment. Les Dj sont là pour nous rappeler qu'aujourd'hui, coller à la suite trois beats et une voix de supermarché mène à la gloire et à l'argent facile, alors ne boudons pas notre plaisir, aussi rétrograde soit-il.
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