Memory drawings

The Drift

par Emmanuel Durocher le 06/06/2008

Note: 8.0    

Le deuxième album des Californiens de The Drift (à ne pas confondre avec les Angevins du même nom qui surfèrent sur la vague shoegaze au début des années 90) explore des sentiers laissés en friche par Tortoise après "Millions now living will never die", Radiohead à la suite du dyptique "Kid A / Amnesiac" ou Tom Verlaine dans son errance de l'après Television.

Enregistré sur bande analogique avec le producteur Joe Pelliccini du Tiny Telephone, le disque n'a cependant rien de nostalgique. A la croisée du post rock, du jazz 60's et du dub hypnotique, les Américains trouvent chaussures à leurs pieds, et ce sont des grandes pointures, qui permettent à la musique de se dépasser le long des huit à dix minutes que dure chaque morceau et à l'auditeur de voyager sans se lasser à travers un univers étrange.

"If whishes were like horses" débute comme un western musical et se perd dans les méandres d'une trompette mariachi pour se finir au sein d'une horde sauvage de guitares étoffées de couches d'effets, delays et reverbs. Mais l'horizon se déplace sur "Uncanny Valley" et devient moins aride grâce aux lignes d'une basse légèrement groovy parsemées de nuances afro-beat. "I had a list and i lost it" est une virée en apnée qui ne trompe personne : le saxophone apaisé ne peut cacher une ambiance angoissante qui vire au mélancolique sur "Goldensands" et "Lands end". Chaque instrumental devient une nouvelle vision du même morceau dans laquelle les quatre musiciens de San Francisco décortiquent des connexions aussi complexes que celles du cerveau et de la mémoire.