Are you are missing winner

The Fall

par Luz le 25/10/2001

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
My ex-classmates' kids
Kick the can


Faisons nos comptes. 3, 4... 8, 9, 10... non, pas celui-là, 10... celui-là non plus... 22, 23... on retire les compil' sans intérêt... 38, 39 et donc 40. Ejectés de côté les dispensables, "Are you are missing winner" (chez les fidèles Cog Sinister) est donc, selon la plus subjective des mathématiques, le quarantième génial disque de The Fall, un chiffre aussi rond que Mark E. Smith l'est à tout concert. S'il rappelle quelques miettes d'albums précédents ("The joke" pour "My ex-classmates kids"), il ne ressemble évidemment à aucun d'entre eux. Au fond, à part la voix d'ancien alcoolique replongeant dans son vice après s'être tapé un panaché, le point commun de leur discographie (ou plus justement celle du chanteur-leader-misanthrope Mark E. Smith), sa caractéristique si unique, l'évidence qui vous pète aux tympans dans "Are you are..." est que The Fall est le meilleur groupe de démos du monde. Ces morceaux que d'autres relèguent méprisament en fond de Ep ou pour boucher le trou d'un 'best of' assurant une opportune rentrée d'argent afin de payer les impôts de groupes en crise, ces brouillons bouclés à toute berzingue, trop courts ou trop longs, conchiés car trop bruts par les artistes lisses, The Fall en fait des disques. Mark E. Smith ne craint pas de montrer son inspiration nue, et, perpétuellement inspiré, perpétuellement surprend. Reste lui-même. Un Willem du rock, en sorte. The Fall n'ayant toujours pas été interdit par ce roquet de Blair pour cause de nous-sommes-tous-américains-surtout-les-anglais et parce qu'il faut respecter le deuil des victimes de l'écroulement des Twin Towers et qu'avec un nom comme The Fall, on la ramène pas (déjà qu'en France, "Un avion sans ailes" et "Tombé du ciel" ont été privés de radio pendant deux semaines ! A quand l'interdiction de "Nous sommes deux tours jumelles" ?), dépêchons-nous de savourer ce "Are you are..." morceau par morceau. 1. Jim's "The Fall" semble être la figue bien mère tombée de l'arbre "The Unutterable" dans le panier "Are you are...". Plus verte que les autres, mais trop mangée par les vers pour figurer aux côté de "Two Librans". 2. Un type qui traverse "Bourgeois Town" sera tabassé sur son chemin par les regards des autochtones qui ne supportent pas être dérangés à l'heure du thé par les inconnus. Angoisse du lynchage. On en sort vivant mais n'oublie jamais "Bourgeois Town". 3. "Crop-dust" vous ballottera d'une ritournelle, carrée, à la Kinks, vers les vagues vocales imprévisibles de Mark, circulaire comme une paranoïa aiguë et lancinant comme une bienheureuse envie de dégueuler. 4. "My ex-classmates' kids" sera donc LE tube-qui-n'aura-jamais-de-succès-parce-que-son-leader-ressemble-à-Sim-et-donc-va-chier-pour-le-clip-sur-MTV. Comme tous les tubes de tous les disques du Fall. 5. "Kick the can" ? Kurt Cobain aurait probablement pillé les plans du prélude si Mark n'avait pas eu l'excellente idée de l'écrire après sa mort. Peut-être la raison pour laquelle le Nirvanoeud s'est décoloré la cervelle au P38. Puis déboule une touffue perruque dans la soupe : le twist de l'été ! Mais à consommer en snow-boots pour se réchauffer les cannes en hiver. Faites provision de canettes vides à kicker mais surtout prévenez les voisins. 6. "Gotta see Jane" est une reprise de... R. Dean/Taylor, est-il écrit. Ha. A moins que ce ne soit R. Dean Taylor en un seul mot (de la mouvance "british motown"), souffle-t-on derrière. Quoiqu'il en soit il faudra soupçonner Mark de faire des reprises fictives de groupes qui n'ont jamais existé (cf. "Going to Spain" d'Infotainment Scan). 7. Crédité à l'écriture du joyeux bordel surimpressionniste de "Ibis-Afro man" un certain I. Pop. Ignace Pop ? Isabelle Pop ? L'imam Pop ? 8. Chez The Fall, la country évoque des cow-boys shootés au sirop contre la toux chevauchant des montures creutzfeld-jacobées, poursuivis par des indiens leurs réclamant le paiement de trois mois de loyer de tipis. Dans "The acute" les Dolly Parton ont les seins qui tombent. 9. Un "Hollow mind" de facture fallienne classique, peinant à varaper à la hauteur des autres titres. 10. Conçu comme un morceau surf en chantier dont on apercevrait chaque étape jusqu'au moment où l'on se rend compte que Mark E. Smith nous a encore baisé la gueule, "Reprise : Jane - prof Mick - Ey Bastardo" permettra de l'entendre prononcer ses premiers mots d'espagnol. Mark profitant de la vague cubaine ? Allons, le jour où Manu Chao s'enfoncera le micro dans la gorge, les aigus à fond, ce sera parce que quelques fans excédés de se faire escroquer en achetant des albums avec les sempiternels turlututu-sur-le-répondeur l'auront un peu aidé. Ha, putain, quel pied ! Allez, je recommence au n1...