Tenderness junction - It crawled into my hand, honest

The Fugs

par Maxime Morinière le 23/03/2011

Note: 7.0     
Morceaux qui Tuent
The garden is open


Les Fugs sont originellement un trio, composé des poètes Ed Sanders et Tuli Kupferberg (Rip), avec Ken Weaver à la batterie. Ils ont commencé à graver des albums totalement fous, faits de rock, de folk, de blues et d'une bonne dose d'humour dès 1965 chez ESP, label new-yorkais réputé dans l'avant-garde, et surtout spécialisé dans le jazz (avec les premiers pas de Pharoah Sanders, Sun Ra, Ornette Coleman, Albert Ayler...). Mais c'est tout sauf un hasard de les retrouver là, puisqu'ils avaient de forts liens avec la Beat Generation : ce sont des adorateurs de William Burroughs (ils apparaissent d'ailleurs comme lui dans le film "Chappaqua") et Allen Ginsberg est dans les crédits de "Tenderness junction", sans pour autant que son rôle soit défini.

Les deux albums réunis dans cette réédition du label Floating World sont les respectivement quatrième ("Tenderness junction") et cinquième ("It crawled into my hand, honest") de leur discographie, enregistrés pour la maison Reprise. Le trio de base s'est alors élargi à de nouveaux musiciens qui permettent au trio de voguer vers d'autres horizons, et rendent les œuvres beaucoup plus abordables, moins frustres que les précédentes (mais très hautement recommandables) sorties chez ESP, on va même jusqu'à entendre des arrangements de cordes sur "It crawled...". Le psychédélisme est bien présent, avec notamment "The garden is open" sur "Tenderness junction", qui n'a rien à envier aux titres lysergiques qui venaient de la Côte Ouest à ce moment là.

Cependant, la qualité sonore est loin d'être excellente (un bruit très désagréable gêne l'écoute dès qu'il y a du chant). On peut l'expliquer soit par le fait que la réédition ait été mal effectuée par Floating World, soit par une sorte d'auto-sabotage par les Fugs eux-mêmes, à cause de mauvaises conditions d'enregistrements. La seconde option est la plus plausible, mais il faudrait avoir les galettes originales sous la main pour résoudre ce mystère. Enfin, le livret n'apporte pas grand chose, seulement des photos et le personnel de chaque album, sans mention des dates d'enregistrement : on aurait aimé en voir un peu plus.