Brother Moses smote the water

The Klezmatics

par Damien Rupied le 15/09/2005

Note: 6.0    
Morceaux qui Tuent
Shnirele, Perele


La musique klezmer a trouvé depuis quelques décénies maintenant une nouvelle terre d'élection : les Etats-Unis. Si cette musique traditionnelle des Juifs d'Europe de l'Est a quasiment disparu d'Europe pour les raisons que l'on sait, il existe en revanche une scène assez active outre-atlantique. Parmi tous les groupes qui perpétuent la tradition, les Klezmatics font figure de référence. Depuis près de vingt ans ce groupe à géométrie variable, centré sur les fortes personnalités que sont le trompettiste Frank London et le chanteur Lorin Sklamberg, mêle les mélodies traditionnelles yiddish aux rythmes de la musique populaire moderne (rock, ska, jazz...).

Sur ce nouveau disque ils poussent la fusion un peu plus loin en montant un projet klezmer-gospel qui voit le groupe s'adjoindre deux invités habitués de la tradition afro-américaine : les chanteurs-pianistes Joshua Nelson et Kathryn Farmer. Ce disque est aussi le premier live des Klezmatics, enregistré à Berlin en juillet 2004, lors d'un festival en plein air sur la Potsdamer Platz. L'ambiance survoltée qui transparaît à travers les applaudissements et cris du public allemand rend la performance plutôt agréable à l'écoute. Ainsi, si la rencontre entre klezmer et gospel ne nous convaint pas toujours - notamment quand le côté gospel prend le pas sur le klezmer - certains morceaux dégagent un réel enthousiasme qui fait plaisir à entendre, comme cette puissante interprétation de "Shnirele, Perele" qui transpire l'espoir.

Le plus souvent, ceci dit, les correspondances entre les deux musiques semblent plus thématiques que véritablement musicales : il est certes amusant de retrouver le fameux "Go down Moses" interprété par des musiciens juifs, mais la recontre finit le plus souvent en juxtaposition plutôt qu'en véritable fusion. On a ainsi parfois l'impression d'assister à deux concerts différents dont les morceaux auraient été malencontreusement mélangés. Difficile dès lors d'adhérer pleinement au propos.

(en bonus, la piste vidéo des presque huit minutes de "Shnirele, Perele")