Soit Michael et Brian d'Addario, deux
frangins à peine majeurs qui viennent de Long Island (NY, USA), et
publient un premier disque bluffant de savoir-faire dans le genre
Beatles / Supertramp / Pink Floyd. Vu leur jeune âge, s'il est
impossible qu'ils aient une connaissance encyclopédique du rock, ils
connaissent leurs classiques sur le bout des doigts – l'hérédité
parentale (Ronnie d'Addario a sorti quelques disques à la fin des
années 70), internet et une pratique musicale précoce aidant.
Ils
sont bien épaulés à la production par Jonathan Rado, moitié du
groupe Foxygen que l'on connaît pour ses arrangements élaborés et
barrés - et souvent épuisants. Ce dernier est tombé sous le charme
des démos qui lui ont envoyé les frangins d'Addario, et les a
invité à enregistrer "Do Hollywood" dans son studio.. en
12 jours seulement, pendant les vacances scolaires hivernales ! On
repense au coup similaire réussi par le producteur Dave Friedmann
(Mercury Rev) avec MGMT il y a presque dix ans.
Chaque écoute
de "Do Hollywood" est une surprise, tant les frangins
maîtrisent l'art de la "chanson à tiroirs" et les
variations rythmiques et mélodiques sur chaque titre. Un
enthousiasme communicatif se dégage de l'ensemble, qui l'empêche de
verser dans le systématisme et le tape-à-l'œil. Il est difficile
de départager ce qui vient de Michael, de Brian ou de Jonathan leur
producteur ; tous les titres sont très bons, et puisqu'ils ne
partent pas en vrille comme chez Foxygen on suppose que les deux
frères ont déjà suffisamment de caractère pour s'imposer.
Quelques aperçus de vidéos sur internet captées "live"
confirment que les Lemon Twigs ne sont pas des "fake news".
On pense à d'autres rares génies touche-à-tout précoces, comme
Alex Chilton.
On ne fera pas l'erreur de prendre "Do
Hollywood" pour un copié-collé trop malin d'une musique de
vieux ; au contraire, c'est un hommage juvénile, vibrant et
follement talentueux déposé aux pieds de la musique que l'on aime
tous par ici.