Orbus terrarum

The Orb

par Guillaume Cordier le 05/11/2001

Note: 9.0     

Habiter la "chambre d'écho" que suscite l'écoute d'un album de The Orb est une expérience fort étrange. En parler d'autant plus, comme s'il était encore possible de faire entendre sa voix dans un tonnerre de clameurs et de retentissements. De fait, l'écho s'empare de n'importe quel son, change aussitôt une mélodie innocente, un rythme dub qui aurait convenu à une limace partie à la recherche d'une feuille de salade, située quelque part au fond du jardin, en un tumulte, un ouragan propre à désorienter le plus averti des auditeurs. Mais avant de devenir l'épicentre de ce cyclone musical, une ou deux voix, sévères ou béates, vous souhaitent la bienvenue. Plus tard, d'autres vous avertiront de l'imminence de bourrasques particulièrement hostiles (comme cette déflagration à la fin de "Montagne d'or"). Mais n'anticipons pas, et passons à table sans nous soucier d'aucun danger. Les "ennuis" alors commencent. En effet, ce n'est pas une feuille de salade, accompagnée d'un inoffensif verre de vin, qu'on vous demandera d'ingurgiter, mais un océan de verdure, mais une avalanche qu'à défaut de boire vous prendrez de plein fouet, sous l'oeil bienveillant de convives invisibles. Le repas dure en tout 80 minutes. On en ressort secoué, mais... heureux. Ce fut, à coup sûr, une expérience enrichissante, qui eut aussi ses moments d'accalmie et délivra même son lot de mélodies délicates : airs de berceuse ("Slug dub") et autres harmonies célestes ("Plateau" ou "Montagne d'or"). Sorti d'affaire, on se jure, à la prochaine écoute, d'affronter la tempête d'un pied plus ferme.