I can see your house from here

The Scooters

par Jérôme Florio le 18/07/2003

Note: 5.0    

A priori, un groupe composé de cinq braves gars gallois, qui avoue un penchant pour les plaisirs solitaires en compagnie de Doris Day, et qui s'appelle The Scooters, est assez sympathique. En montant sur leur bécane on ne s'attend pas à pareil confort avec "This is how it ends" - et puisqu'on commence par la fin, autant garder le meilleur pour le début. Gestes amples de guitares acoustiques, moelleux tapis de cordes, et un chaud orgue Hammond : une pop grand format qui s'appuie beaucoup sur la mise en sons, cousine des anglais Travis. Mais bientôt la virée, si elle est agréable, est vite oubliée. Dès "GBH" on roule à la power-pop ordinaire ; puis au sans-plomb sur de souriantes vignettes pop avec choeurs et guitares mouvantes ("Guess who", "5 o'clock"). La torpeur nous gagne sur le tracé trop balisé, sans risque de sortie de route - pas question de rouler bourré et de carburer à la 6/8 ("Six eight", "Paperback"). L'engin prend un peu de niaque avec les cuivres bienvenus de "Broadway mission", et prend un bon rythme sur "Tranny song", ode à l'onanisme pas très finaude mais au refrain entêtant. A l'attaque de pentes plus fortes, ça se complique : la bécane a du mal à monter les côtes, poussive et trop lourde. Là où on voudrait trouver du lyrisme et de l'envergure, on ne trouve que de l'emphase ("Cry", "You want it all"), des Stereophonics sans allant ni fougue. The Scooters montrent alors clairement leurs limites : la grande différence avec des groupes de pop canonique comme Big Star, c'est la qualité des chansons. Peu imaginatives mélodiquement, avec des arrangements très classiques, elles ne sont pas assez fortes pour retenir durablement l'attention et compenser un certain manque de charisme. L'écriture, assez quelconque, fait ici un peu office de roue de secours.