Morceaux qui Tuent Great DJ Traffic light We started nothing
Originaire de Salford en banlieue de Manchester comme Joy Division, le parcours de ce duo mixte (Katie White / Jules De Martino) tient un peu du conte de fées : du succès virtuel sur Myspace au remix de "Great DJ" par Calvin Harris qui les fait connaître sur les pistes de danse du monde entier, il n'aura fallu qu'un an aux Ting Tings pour sortir "We started nothing". Ce premier album fait cohabiter des textes un peu sombres évoquant les années de galère et une musique qui conjugue sensualité vocale, urgence punk de la rythmique, accords de base et tonalités synthétiques éphémères qui semblent faire ting, ting, bang, slash ou wizzz…
Tout commence par le même accord de ré, joué seul dans l'introduction, qui résiste plus de trois minutes à travers le timbre irrésistible de Katie White et la frappe imperturbable de Jules De Martino. Fourmillant de sonorités incongrues et de lalalalala en tous genres, le morceau inaugural "Great DJ" a tout de la formule casse-gueule et casse-noix mais il est conçu avec suffisamment d'astuce et un sens du rythme qui laisse difficilement de marbre pour en faire – ainsi que la plupart des neuf titres suivants – un tube électro-rock d'une qualité largement au-dessus de la moyenne. Les Anglais pimentent également leur recette d'un jeu de rôle musical où se télescopent influences majeures et hommages mineurs : l'esthétisme de New Order sur "Keep your head", la punk-soul de "That's not my name" et "Impacilla carpisung" renvoient dans le New York d'ESG, les sucreries pop de "Traffic light" et "Be the one" rappellent respectivement les Sundays et les Breeders et "Shut up and let me go" vire presque au bootleg de "Last night a DJ save my life" d'Indeep.
Mais au-delà des références, on reste bluffé par ces chansons remplies de grosses ficelles lancées en vrac mais démêlées par les huit pattes de cette araignée bicéphale qui tisse une toile flamboyante et hétéroclite dans laquelle on se laisse piéger sans broncher.
