Violent Femmes

The Violent Femmes

par Alexandre Fuster le 23/05/2020

Note: 9.0     
Morceaux qui Tuent
To the kill
Add it up
Confessions


Le post-punk est un terme biaisé. Apparu à la fin des années 1970, il a rapidement servi à étiqueter n’importe quel groupe rock indépendant ou expérimental de la décennie suivante ; il désigne en fait une notion vague et fourre-tout. Pourtant, l’appellation se justifie pleinement pour le premier disque des Violent Femmes. Celui-ci est bien une continuité de la « doctrine » punk, mais aussi une forme de dépassement par le métissage avec d’autres genres et influences. 
Originaire du Wisconsin, le trio mené par Gordon Gano se démarque en ramenant une énergie viscérale dans ce bouillonnement d’idées qu’est le début des eighties. Le punk est brutalement réanimé grâce aux électrochocs des hymnes adolescents enflammés de Gano et des montées d’adrénaline enfiévrées et rythmées de ses compositions. 
Étonnamment, la musique de "Violent Femmes" est minimaliste : elle repose bien souvent sur une base rythmique simple portée par la basse acoustique de Brian Ritchie. Mais quelle basse ! Profonde, limpide, fantaisiste et entêtante,elle intègre des sonorités folk du début des sixties à la rhétorique punk du groupe avec une grâce toute naturelle, conférant d’emblée aux morceaux une originalité qui fait mouche. 
Ecouter le premier Violent Femmes, c’est se replonger dans ces chansons percutantes aux mélodies pop irrésistibles (et ce dès "Blister in the sun", porte d’entrée parfaite dans l’univers du groupe). C’est se prendre en pleine face des solos de basse discordants mais terriblement savoureux (sur "To the kill" en particulier, pièce la plus expérimentale mais aussi la plus envoûtante de l’album). C’est aussi entendre un xylophone au beau milieu d’une virée punk ("Gone daddy gone"), se laisser charmer par un faux reggae ("Please do not go") et finir sur une ballade étrangement douce, empreinte d’un beau son de violon ("Good feeling"). 
Aussi attachante qu’espiègle, la musique des Violent Femmes ne dépassera plus le sommet qu’elle avait franchi avec le premier album éponyme, malgré les très bons moments des disques suivants qui explorent d’autres genres (notamment la country sur "Hallowed ground" en 1984). Plus tard, Gordon Gano produira les premiers Louise Attaque, héritier direct en moins génial du style des Violent Femmes.

PS : la version Cd de "Violent Femmes" prolonge le plaisir avec deux titres bonus, le léger "Ugly" et surtout "Gimme the car", brûlot rock de cinq minutes. 



VIOLENT FEMMES "Blister in the sun" (Audio seul 1983)




VIOLENT FEMMES "To the kill" (Audio seul 1983)




VIOLENT FEMMES "Confessions" (Audio seul 1983)