The singles collection (As & Bs)

The Zombies

par Francois Branchon le 26/03/2003

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Leave me be
Time of the season
She's not there


En 1968, la firme américaine CBS (pas encore Sony) publiait un album sampler de son catalogue rock, "The rock machine turns you on". Un sacré événement que ce vinyle à 9F95, à pochette argentée, première compilation de l'histoire de la pop, collection excitante et hallucinante d'une compagnie qui, avec le producteur Lou Adler comme A&R (responsable artistique), était une tête chercheuse aussi inspirée que sa rivale Elektra, avec dans ses rangs Spirit, United States of America, Peanut Butter Conspiracy, Leonard Cohen, les Byrds, Moby Grape, Tim Rose, Taj Mahal, Electric Flag, Roy Harper, Velvet Opera...
Sur la face A, en compagnie de "Fresh garbage" de Spirit (encore une sacrée affaire) et "Sisters of mercy" de l'oncle Leonard, "Time of the season" signé des inconnus Zombies empêcha longtemps de retourner le disque...

Composé cette même année 68 quelques mois avant leur split, le morceau brille de grâce et de légèreté, le son "suspendu" de sa batterie et de ses vocaux, son "beat" rhythm and blues et ses arrangements semblant venus d'ailleurs, d'un underground jusqu'alors ignoré. Les Zombies inventaient un psychédélisme unique, ultra-sophistiqué et lumineux de simplicité, malgré une réverb servie à la louche. Anglais du nord de Londres fascinés par les Usa, ils débutent en 1964 avec le hit "She's not there" (repris en français en 1965 par le grand Noël Deschamps en "Te voilà"), morceau palpable et identifiable dès sa première mesure, ne ressemblant à rien d'autre, mélange de son clair et fin, de voix aériennes et de sophistication jazzy, une alchimie complexe et étonnante au résultat limpide et très pop.

Mêlant compositions et reprises de blues et de rhythm and blues ("You've really got a hold on me" des Miracles notamment), les Zombies, avec leurs voix délicates de Simon & Garfunkel soul ("Don't go away", le prodigieux "Leave me be"...), sont le chaînon manquant entre les Beatles et les Doors. Cette anthologie de 28 titres présente l'intégrale de leurs quatorze singles (ils en publièrent en réalité seize) enregistrés entre 1964 et 1969. Elle est remarquablement bien faite, même si les accros préféreront les rééditions du label allemand Repertoire de leurs deux albums originaux (augmentés de quantités d'inédits, dont leurs reprises).

Individuellement, Rod Argent (avec notamment "Hold your head up") et Colin Blunstone (avec "Say you don't mind" et "One year") ont poursuivi des carrières solo conséquentes mais ignorées en France. Telle une comète, les Zombies ont traversé le ciel des sixties en l'illuminant.