Remedios

Thomas Belhom

par Jérôme Florio le 21/04/2004

Note: 9.0    

L'écoute de "Remedios" suscite beaucoup d'interrogations : où poser ses bagages, à quel port d'attache s'amarrer, quand on a la sensation d'être d'un peu partout ?

Thomas Belhom cherche la solution à l'aide du remède le plus universel qui soit : le rythme, véritable colonne vertébrale de son premier disque en solo. Aux percussions des peaux des toms de batterie – parfois jouée jazz -, répondent des tintements mats et cuivrés qui purifient l'atmosphère (clochettes, gongs…) et la font scintiller d'une lumière diffuse. C'est tout le talent de mise en scène de Belhom que d'agencer l'espace entre les instruments pour que chacun y occupe une place sans faire de l'ombre aux autres.

Des serpents à sonnette, une guitare slide atmosphérique, des violons country languides tracent les contours de la frontière mexicaine ("Viva-USA", "Eugène"). En clandestin voleur de sonorités, Thomas Belhom traverse à sa guise le Rio Grande, ramène des arpèges de guitare dont l'écho se répercute à travers les étendues ocres du désert américain. Une fois le décor bien planté, sa voix un peu sans relief apparaît, réduite à la portion congrue (cinq titres). C'est un paysage déjà vu chez Calexico, avec lesquels Belhom a croisé le fer au sein du duo Amor Belhom, mais en plus aérien, sans cuivres : une sorte de musique jouée par des mariachis de l'espace qui auraient suivi des cours de technique zen. Un sample de cloches d'église de village (natal ?) sur "Who's big ?", l'accordéon de "Viva-USA" achèvent de déterritorialiser complètement "Remedios", en peignant une figure de l'auteur en exilé. Thomas Belhom se construit un harmonieux pays de synthèse, mais l'ambiance laid-back laisse passer des bouffées d'inquiétude qui se propagent en idées malades ("Métastase").

Grâce à ce "Remedios" (médicaments) tout en pulsations, Thomas Belhom apaise son mal du pays, et nous fait profiter de sa médecine rythmique, presque chamanique.