Tomahawk

Tomahawk

par Jean-Louis Schell le 04/11/2001

Note: 8.0    

Après ses tribulations au sein d'un des plus séminaux groupes des années 90, à savoir Faith No More, Mike Patton (l'homme qui buvait son pipi) n'a pas chômé. Passant de Mr Bungle (son premier groupe post FNM) à plus récemment Fantômas (enfin un américain capable de faire référence à Louis de Funès !), il a cette fois débauché un Jesus Lizard (Duane Denison), l'ex-Helmet Jon Stainer (encore un groupe passé à la trappe, mais ô combien important) et un Melvins qui n'est pas l'habituel gros frisé, mais Kevin Rutmanis. Avec une pareille équipe sur les rails (on ne parlera pas de 'dream team', laissons les rêves à Sigmund) il vaut mieux ne pas s'attendre à un style formaté. On fait ici dans la démesure, le fou furieux, la-rage-aux-dents-et-la-bave-aux-lèvres, le tout sur une déconstruction parfaitement maîtrisée, donc très construite (si ça peut exister). Et (évidemment ?) personne n'est assez borgne, ni assez aventureux pour distribuer un tel album dans nos contrées (le Rhino français n'est pas encore né !!). Il faut avouer que l'ouvrage pourra rebuter l'oreille non avertie. On y passe allègrement des vocaux d'outre-tombes aux hurlements de possédé, des ambiances simili-gothiques au post-rock déglingue, des riffs métal à l'excès d'un Captain Beefheart, lequel Don Van Vliet reste la référence du style. L'exercice semblerait certes périlleux. Mais le roué Patton, demeurant un compositeur hors-pair, s'en tire haut la main. Malgré le foisonnement d'idées, la débauche de dénotations stylistiques, ce premier album reste cohérent dans sa brillance. Mike Patton reste nettement au dessus du lot de la production discographique actuelle, le choix même de ses acolytes en est la preuve, et non une justification. Ne cherchez pas à rentrer ce disque dans une quelconque classification, le talent de ces gens est bien ailleurs.