Flexible comme le roseau

Tony (T.N.T)

par Alexandre Leroy le 26/08/2002

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Clandestin
Amour perdu


Tony Truand alias TNT alias Tony Cerrano est l'un des membres fondateur du groupe Ärsenik, qu'il a du quitter à cause d'une expulsion du territoire français avant que ses deux cousins Lino et Calbo ne trouvent le succès avec leur premier album "Quelques gouttes suffisent..." (1998). Non réintégré au binôme à son retour du Congo, Tony sort donc aujourd'hui "Flexible comme le roseau", son premier album, plus festif et positif que ce qu'il faisait avec Ärsenik ("Ball-trap", "L'enfer remonte à la surface"...). Le style lui n'a pas changé, c'est toujours un flow détonnant, plein de consonnes, qui claque sur les instrus. Des instrus variés, allant de l'électro ("R.A.P.") au mélancolique ("Les orgues de Staline"), en passant par les beats bien lourds, certainement ceux sur lesquels Tony est le plus à l'aise ("Une goutte suffit"). Un éclectisme nécessaire de la part des producteurs de l'album (Don Miguel, Desh, Elkalif, Efay et Kris Parks) car TNT s'est servi de cet album pour aborder l'ensemble des thèmes qui le travaillent : sa condition de 'clandestin' en France et ce que cela entraîne (la fuite, le mariage forcé...), les ruptures (le très joli "Amour perdu", où un synthé Bontempi accompagne les violons sur le refrain), la guerre qu'il a connue au Congo ("Les orgues de Staline"), mais aussi et plus étonnant dans le hip-hop, l'homophobie. C'est d'ailleurs un vrai challenge que de rapper sur un tel sujet et Tony s'en sort bien, malgré un beat disco à faire pâlir d'envie Abba ! On remarquera tout de même un minimum de rancoeur à l'égard des membres d'Ärsenik, dans le titre "Mr Cerrano", fiction mafieuse dans laquelle Tony voit mourir un certain Lino et règle son compte à un dénommé Calbo... Mais bon, ceux-ci le lui rendent bien dans leur dernier album en rappant "Cherche pas le troisième Ärsenik". On comprend donc pourquoi aucun membre du Secteur Ä n'est présent sur cet album, on retrouve en revanche Sniper sur l'explosif "On dit quoi" et Faya D au refrain de "Mythos Nyto", morceau plein d'humour sur la mythomanie. Tout ceci fait de "Flexible comme le roseau" un bon album dont les lourdeurs ("Ma mère, son rêve et moi") et les facilités ("Vie idéale") sont vites effacées par les textes plus ambitieux.