| | | par Frédéric Joussemet le 22/02/2002
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| Tout commence bien, une guitare sursaturée perdue dans la brume étrangle ses amplis, leur fait scander une complainte bruitiste sur un rythme tribal aussi rentre dedans que le son des lampes surchauffées. On se prépare à partir loin et haut, cramponné à un guide qui paraît bien coriace car le début du premier morceau, "Sunstone beams ", promet un album trippant à souhait
Mais la promesse est chimérique, et l'intro n'en est pas une, c'est tout le morceau qui vient de passer en une minute et une seconde, le voyage qu'on souhaitait interstellaire n'a duré qu'une station de métro
Tore Elgaroy est célèbre en Norvège comme guitariste de rock et comme sideman, mais l'album qu'il livre ici est à mille lieux de sa carrière passée : c'est un condensé d'expérimentation solo compilé en quinze titres. Certains morceaux font apparaître un début de mélodie, d'autres ne sont que feedbacks et bruits de saturation, et entre ces deux extrêmes s'égraine le savoir faire du Norvégien. Cascades d'échos, larsens contrôlés, solos policés, accroches rocailleuses : il triture une guitare passée au travers d'amplis brûlants, d'échos et de réverbérations atmosphériques, et le tout forme malheureusement un ensemble disparate. Certains morceaux sortent du lot, "Skyggelegger" où la guitare est soutenue par une batterie elle-même saturée, ou "Tonesykkel" qui laisse (pour une fois) le temps à l'ambiance de monter. Car c'est celle-ci qui fait souvent défaut aux morceaux, où ne restent plus alors que des sons travaillés et une recherche formelle un peu plate, proche d'un catalogue de sons fréquemment connus. Il manque souvent ce qui fait la force d'une expérimentation : l'émergence d'une âme au milieu d'un espace dérangeant, décuplée par le manque de repère. "The sound of the sun" est mitigé et rebute malgré ses qualités, mais est à découvrir par les inconditionnels de la six cordes. |
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