Enfin libre

Union Square Group

par Frédéric Joussemet le 25/09/2000

Note: 6.0    

Union Square Group balise sa première année d'existence avec la sortie de ce premier album. "Enfin libre" semble bien porter bien son nom, les quatre musiciens s'offrant un double album, passant en revue leur parcours depuis la création de leur groupe. Le premier Cd comporte six compositions originales, cinq de Guillaume Simon (ténor et soprano), la première du pianiste Christophe Villalba. Ils développent ici du hard bop roots et il est inutile de rechercher obstinément les révolutions, car le propos n'est pas là. La formation s'inscrit dans la tradition, passant en revue divers tempo, morceaux rythmés et ballades tendres, parfois un peu endormies. C'est surtout lorsqu'ils s'emballent que les musiciens font vibrer leurs cordes sensibles à l'unisson. "London moon" fait partie de ces morceaux haletants : sur la pulsation enlevée de la batterie, s'agrippe une contrebasse stricte et fluide, terreau propice aux deux solistes qui se succèdent. Guillaume Simon se révèle pleinement lorsqu'il s'emporte, touchant du bout des doigts quelques phrasés rock, impeccablement incrustés dans le souffle jazz qu'il diffuse habituellement. Rapide, vif et attentif, il soulève avec vigueur les impulsions de la rythmique. Puis vient le piano : Christophe Villalba brise sans cesse d'une main ce qu'il construit de l'autre, se fond autant dans les ruptures de la batterie que dans l'intransigeance de la contrebasse. Chapelets de notes, accords en contretemps, le vocabulaire est là et ne demande qu'à s'exprimer pleinement. Avant la répétition du thème (qui a le malheur d'évoquer le générique de Benny Hill), un petit solo de batterie clôt la déferlante. Chaque morceau a sa petite fantaisie : un thème oriental, un accompagnement plus "funky"... Arrive le second Cd, de reprises, débutant par un "Caravan" de Duke Elligthon introduit avec éclat et force par la batterie. "Greensleves" se passe ensuite sans révélation transcendantale et ainsi de suite pour des covers plus neutres et trop standardisées pour surprendre et décoller pleinement. Au final se faufile un album prometteur bien qu'un peu éprouvant, s'achevant au bout de deux heures d'une écoute parfois lassée. Guettons la prochaine sortie, la formation annonce de bonnes choses si elle se décide à lâcher la rampe.