Silver or lead

Ursula Rucker

par Hélène Grégoire le 31/12/2003

Note: 6.0    

Ursula Rucker est la définition même du "spoken word". On ne peut donc pas dire qu'elle chante bien puisqu'elle ne chante pas. Elle parle bien. Mais avec une voix aussi chaude et pénétrante, on en vient presque à regretter qu'elle ne pousse pas un peu plus la chansonnette. Attention, atypique mais pas facile d'accès !

Ce deuxième album, "Silver or lead", est un exemple parfait de l'art de mettre les paroles en valeur grâce à la musique et de renforcer la puissance des compositions par la force des textes. Un album très personnel quand pourtant Ursula Rucker offre une diversité de genres en multipliant les collaborations. Proche du Trip-hop de Massive Attack dans "Soon" ou de l'électro-jazz dans "Q & a", elle se fait plaisir aux côtés de Jazzanova, The Roots ou 4 Hero... Pas besoin de tendre l'oreille pour capter le sens de poèmes parlant aussi bien de sexisme que de politique ou d'esclavage : la barrière du langage se lève pour laisser passer l'émotion. Fusion de poèmes percutants et de beats enivrants, le tout devient quand même vite un peu lassant par manque d'originalité et de fraîcheur. "Bonne pour baiser mais pas assez pour voter", "Nous adhérons à la définition que la société fait de nous" sont les mots qu'elle emploie pour évoquer la condition des femmes dans "What a woman must do..." ou de l'humanité dans "i / we". Des refrains urbains loin des caricatures et clichés si présents dans le rap, mais pas totalement décalés non plus. La parole se fait parfois incantation voire récitation, mais n'est jamais moraliste. Des rythmes aux congas sur "Release", ou soul sur "Lonely can be sweet", la musique se fait parfois plus support mélodique que composition instrumentale. Dommage de ne pas avoir plus profité des musiciens si talentueux qu'elle avait à sa disposition !

Ursula Rucker est une noire américaine aux paroles engagées. Ce n'est pas du rap, ce n'est pas du r'n'b, c'est simplement de la poésie.