Cyclique

Velma

par Frédéric Joussemet le 01/10/2000

Note: 7.0    

Trois personnes forment Velma : Christophe Jacquet (voix), Stéphane Vecchione (batterie) et Christian Garcia (guitare et autres instruments). Le disque auto-produit n'indique pas qui fait quoi, en réponse à la pochette : trois gilets dessinés sur fond vert, deux mots... Le minimalisme est déjà là, prêt à s'introduire en douce. Capture de l'esprit. Une boucle s'installe, immuablement décalée, instable par rapport à notre ordinaire. La rythmique survient, puis une complainte lancine à nos oreilles, se multiplie et se superpose, attaquée par des ruées de batterie. "55'291". Ce n'est qu'un début, le reste prolonge l'hypnose et se découvre goulûment. Une fois la découverte des premières minutes, de nombreux disques du même style sombrent vite dans la musique d'ambiance. Velma s'en tire en variant les atmosphères, les rythmes, les sons. Autant de diversité maintient l'attention, permet d'avancer en symbiose avec l'album. Peuplés de bruits étranges, électroniques ou acoustiques, softs ou assourdissants, les morceaux laissent toujours une place à l'expérimentation sonore. Elle devient naturelle, comme un quatrième membre qui s'étire parfois violemment, et accompagne le reste du temps. On retrouve certains parallèles musicaux connus, comme Ulan Bator ("55'291"), Faust dans les expérimentations les plus crades, mais c'est surtout Can qui étend son ombre sur Cyclique. Le premier morceau ne laisse aucun doute : le trio connaît bien ses aînés teutons. A moins que cela ne vienne simplement des instruments. La guitare est souvent utilisée à la manière de Michael Karoli (il est tout de même inutile de chercher des solos torturés) et la voix fait immédiatement penser à Damo Suzuki. En revanche la rythmique est un petit peu plus personnelle : batterie trip-hop/techno, basse toujours simpliste mais recentrée vers les graves. En fait, Velma est le prolongement de l'univers musical de Can, mais laisse tomber sa grande quête : la création instantanée, improvisée collectivement. Velma recherche plus les survols atmosphériques mais le réussit décidément très bien.