Eksaïphnès

Vortex

par Frédéric Joussemet le 22/11/2000

Note: 3.0    

Vortex est le fruit de deux personnes, Nicolas Guerrero (guitare, voix et programmation) qui compose la majeure partie de l'album et Sonia Cohen-Shalli (basse et voix). On se rend vite compte que c'est le programmateur qui fait tout, le reste est passablement masqué par les superpositions électroniques. A première vue, on penche pour de l'électro expérimentale : il y a des passages à climats, du bruit noyant tout son reconnaissable, des transes rythmiques, des voix embrumées d'effets... Pourtant le doute s'installe à l'écoute de divers morceaux : est-ce réellement de l'expérimentation ou juste un fond sonore masquant de bêtes morceaux sans intérêt en eux-mêmes ? A mi-chemin entre recherche sonore et musique plus traditionnelle, Vortex déconcerte. Une autre opposition se fait jour: les deux voix surprennent car elles parviennent à percer les multiples effets pour toucher quelques cordes sensibles, les faisant légèrement vibrer à l'unisson du chant. A l'inverse, la musique y parvient rarement. Si l'alchimie fonctionne au début, les collages et boucles lassent vite et les sons saturés se rapprochent toujours plus de bruits abrutissants au fur et à mesure que la chanson s'use. Il manque aussi l'apport du jeu réel, "live". Pas forcement d'instruments car des machines le deviennent dès qu'ils rencontrent de vrais musiciens, mais le re-recording implique certains écueils : le thermostat reste bloqué entre froid et glacial. Certains morceaux se dégagent un peu de ce bouillon maigre et fadasse. C'est la cas de "Sun of a 1000 centuries", première et meilleure chanson de l'album. Le décollage est immédiat dès que la première pulsation s'impose : l'hypnose survient, implacable, et ne lâche prise qu'une fois le morceau achevé. C'est ce qui manque le plus au reste de l'album : il est trop rare qu'on accroche totalement.