Phénix

Watcha

par Emmanuel Durocher le 24/03/2006

Note: 6.0    

Avec "Phénix", Watcha ne renaît pas de ses cendres mais, bien au contraire, il continue sa lancée à travers le néo métal français affirmant sa place aux côtés de groupes comme Pleymo ou Aqme. Le quatrième album des cinq furieux – El Butcho au chant, Fred et Manu aux guitares, Pendule à la basse et Keuj à la batterie – rassemble quatorze titres remplis de riffs ravageurs et …

Mieux vaut stopper là et être honnête : les hasards rédactionnels m'ont chargé de cette chronique, pourtant inutile de dire que le néo métal (ou métal tout court) n'est pas mon rayon ; les Stooges et les Buzzcocks sont les groupes les plus violents que j'écoute régulièrement, les Smiths ne s'apparentent pas au hardcore, Belle & Sebastian n'est pas ce qu'il y a de plus couillu et j'apprécie la techno pour me remuer ; le métal reste pour moi du gros son viril, il n'y a pas de mépris dans ma vision plutôt du désintérêt (ou bien je suis trop vieux). Il ne faut pas cependant être borné et donc s'acquitter de la mission sacrée qui m'a été confiée…

Les décibels sont présents : voix criarde d'El Butcho (pas faite pour rassurer les amateurs de ballades folk), guitares et basses énervées, frappes puissantes de Keuj et ça n'est parfois pas subtil du tout ("La guerre des nerfs", "Sam 4" un personnage récurrent chez Watcha, "Dimebag" en anglais et en hommage au guitariste de Pantera tué par un fan détraqué) mais il y a aussi des moments où mon univers musical croise celui du Watcha et certains passages me rappellent des groupes comme Hüsker Dü, Arcwelder ou les Smashing Pumpkins du début principalement sur "Planète", "Y a plus de message" et "L'amour n'évite pas la mort". Le métissage se manifeste timidement : une touche gothique sur "Je t'emmène", une incursion hip-hop peu convaincante à la fin de "Plus fort", la reprise électro-métallique du "I was made for loving you" de Kiss et "Wolf le guerrier" chanson de geste comico-acoustique qui sent la fin de beuverie. Les paroles me laissent plus perplexes, tout en étant d'accord avec les thèmes abordés (planète qui se dégrade, engrenage de la vie moderne, télé-réalité musicale…), les textes manquent un peu de finesse et surtout : est-il utile de crier si fort pour se faire entendre ?

Un bilan contrasté pour cette initiation métallurgique, j'ai cependant découvert un groupe qui n'est pas refermé sur sa coquille et j'ai écouté "Phénix", non pas car je devais le faire mais parce que je le pouvais, ce qui est déjà un exploit en soi !