La Gueule du cougouar

Xavier Plumas

par Jérôme Florio le 24/01/2009

Note: 7.5    

"La gueule du cougouar", et même un cougouar qui s'en est pris plein la gueule, à en juger par les blessures qui s'exposent sur le premier disque solo du compositeur et chanteur de Tue-Loup, Xavier Plumas : "Comme des cadavres de verres / Annonçant la fin de l'orgie / Nous avons vidé nos artères / Pour nous traîner jusqu'ici" ("Nos eaux profondes", pour le côté le plus sombre).

La guitare et la voix de Xavier - que l'on aurait pensé plus assurée - sont soutenues par peu d'instruments, joués par de fins musiciens, qui amènent une coloration plus atmosphérique que mélodique : traînées de guitare électrique, une électronique discrète, organique, un peu comme chez Rothko (le groupe, pas le peintre), contrebasse... et surtout des instruments à vent, qui sont une vraie respiration à chaque intervention (on pense au saxophone de Michel Portal sur "Pierre" de Barbara, 1964) - "La danseuse et les charpentiers", ou l'instrumental central "Prédation", peut-être le meilleur titre du disque. Plumas fait partie de ces rares auteurs qui tentent d'unir un terroir local, rural, au langage rock autant qu'au blues. Avec son bestiaire (hyènes, colombes...) et ses références terriennes, minérales ("Silice", "En zone inondable", broussailles et bruyère...), on pense à Jean-Louis Murat, sans l'aspect poète libertin un peu répétitif de ce dernier. Composé en anglais, l'obsessif et susurré "I call your name" a quelque chose du "Golden hair" de Syd Barrett.

"La gueule du cougouar" est un disque nocturne, convalescent, qui soigne ses plaies avec des arpèges de guitare.