Lights and sounds

Yellowcard

par Chtif le 30/03/2006

Note: 5.0    

Pas facile de se distinguer quand on est un groupe de punk US, le créneau étant plutôt saturé dans le domaine. C'est qu'ils sont nombreux les émules des déjà vétérans Green Day (superstars MTV) ou Rancid (assurément les plus authentiques punks et meilleurs mélodistes du lot). Alors chacun de se forger un look tatoué, une réputation de skaters intrépides ou de cancres gentils (étiquette télévisuelle oblige) afin de viser l'objectif ultime, le Saint-Graal : un ticket pour la BO du prochain Tony Hawk.

La bonne idée de Yellowcard pour sortir du lot fut de recruter un violoniste. Bingo, le mélange pop-punk-symphonique ravit les esgourdes des jeunes en baggies (qui, eux, n'ont encore jamais entendu ça). Carton pas vraiment étonnant : rock et classique ont toujours fait (plus ou moins) bon ménage, depuis la pop baroque 60's jusqu'aux débauches orchestrales de métallos traumatisés par Wagner. Et puis le classique reste toujours un bon alibi, un gage de respectabilité, ne serait-ce qu'au niveau des parents. Pour "Lights and visions", leur cinquième album, c'est carrément un
ensemble de 15 cordes qui a été convié, histoire d'en mettre une bonne couche côté emphase.

Passée la frayeur d'une intro orchestrale au pathos douteux, on déboule sur une série de morceaux rapides aux refrains haut-perchés. Les guitares alternent comme il se doit palm-muting et gros crash dans les amplis. C'est efficace, pas dégueu point de vue mélodique, mais surtout ultra-rabâché, à croire que les radios universitaires ont un quota de clones du même acabit à respecter. Petit à petit, le tempo va ralentir et laisser l'orchestre dégouliner jusqu'au mélodrame. On pense à un "Moulin-Rouge" version emo, sur "How i go", en duo avec la chanteuse des Dixie Chicks.

La mauvaise idée de Yellowcard, c'est de vouloir faire adulte en jouant sur un terrain qui ne lui convient pas : les chansons engagées, mollement qui plus est. "Two weeks from twenty" affirme courageusement que la guerre c'est mal, et la violence c'est nul, en contant la tragique parabole d'un "Jimmy s'en va-t'en guerre" qui tombera en Irak (juste avant ses vingt bougies, donc)... Seulement voilà, ce n'est pas en soufflotant dans une trompette planqué derrière un calypso de bord de piscine qu'on va arriver à quelque chose. Pour en découdre avec le président, il serait tout de même plus crédible de sortir les banderilles et d'aller souiller de sa haine le parvis de White House, sans se préoccuper de sa cote de programmation sur les ondes.

Peu importe : les jeunots se préoccuperont peu de l'intérêt de cet "engagement". Yellowcard a toutes les cartes en main pour s'affirmer comme la marotte adolescente du moment, celle qu'on cale à fond dans les baffles en claquant un vieux nosegrind en backflip pour épater les copines. Et c'est bien suffisant.