Live !

Zao

par Sophie Chambon le 08/08/2004

Note: 9.0    

Créé en 1973 par deux anciens de Magma, le pianiste François "Faton" Cahen et le saxophoniste d'origine hongroise Yochko Seffer, Zao s'inscrit dans l'histoire éphémère des groupes évoluant entre rock progressif, jazz et autres influences plus traditionnelles. En hommage à Jacky Barbier (lire le parcours en forme de curriculum vitae des notes de pochette), qui avait fini par s'établir dans un ancien relais de diligence dans le Clunysois, "A l'ouest de la Grosne" aménagé en café-théâtre (il était proche de Romain Bouteille le fondateur du Café de la Gare), voici la réédition d'un concert live inédit, enregistré chez lui en 1976, sans Yochko Seffer, déjà en partance pour de nouvelles expérimentations. Il co-signa cependant la plupart des compositions et la rouge pochette (il était aussi peintre et sculpteur).

Comment caractériser ces huit longues plages instrumentales ? Une pulsation ravageuse, une électrification sauvage, des tonalités étranges, un climat planant, des changements constants de rythmes et d'atmosphères révélant un désir fusionnel de jouer ensemble. Pas de souffleur dans ce quartet (Gérard Bertram à la basse, Jean My Truong à la batterie et au violon le tout jeune Didier Lockwood, transfuge de chez Christian Vander) qui a la volonté de privilégier des textures sophistiquées, et surtout un travail d'improvisation collective.
Dès l'ouverture "Shardaz", audace et vélocité, sonorité et énergie donnent immédiatement la signature de cette expression musicale. Le deuxième titre "Isis" nous invite à traverser un songe enveloppé par le violon ensorcelant de Didier Lockwood. Constamment tendu vers les aigus avec tous les effets électroniques de l'époque, dégageant virtuosité, légèreté de toucher, son instrument peut parfois sonner de façon hendrixienne. Jusqu'à cette "Improcol" de 19 minutes 28 qui fait vibrer de nostalgie les adeptes de cette fusion explosive, entraînant dans une aventure imprévue, vers des "terra incognita". A l'époque, les expressions musicales abolissaient les frontières, l'expérience était le maître-mot de voyages prometteurs.