| | | par Nicolas Bremaud le 29/12/2000
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| Les albums d'abbey Lincoln se suivent et se ressemblent. Certains aiment, d'autres non et ce disque ne décevra pas plus les premiers qu'il ne convaincra les seconds. Abbey Lincoln, qui fête cette année ses 70 ans, n'est plus la jeune chanteuse en colère qui apportait toute sa véhémence au fameux "We insist !" de Max Roach en 1960 et elle a choisi depuis longtemps déjà son terrain de prédilection : la ballade. "Over the years" ne fait pas exception et s'aventure rarement au-delà du tempo médium. Très loin du maniérisme convenu de certaines de ses jeunes consoeurs ultra-médiatisées, Abbey Lincoln chante avec simplicité la fragilité, les joies et les revers de l'existence dans une ambiance de fin de soirée où les convives, fatigués et éméchés, évoquent leurs déboires avec un mélange de gravité et de légèreté : "Well, it wasn't easy 'cause i had a bad deal, broken shoes for walkin', wings that never fit" (c'était pas facile, j'avais un contrat foireux, des chaussures pourries, des ailes qui n'allaient jamais"). Sa voix dont la belle usure laisse parfois poindre des accents presque juvéniles, n'a rien perdu de son immense pouvoir expressif. Abbey Lincoln est aussi une grande "collectionneuse" de saxophonistes et cette fois, c'est Joe Lovano qui s'y colle et trouve naturellement le ton fragile mais jamais larmoyant qui convient. Pas de surprises ni de grandes ambitions musicales, mais un témoignage supplémentaire de l'art incomparable de cette chanteuse.
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