Invisible sun

Aka Moon

par Frédéric Joussemet le 28/08/2000

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Li


Le jazz rock est souvent un genre frustrant, car sans un équilibre toujours fragile, la complexité de la musique masque vite sa sensibilité. Pour ne pas sacrifier l'émotion aux figures imposées du style, Aka Moon s'est entouré de neuf autres musiciens et a ouvert son quartet de base à des arrangements de choix. Le bassiste (pièce primordiale de ce style de musique) semble revendiquer haut et fort l'héritage Magma, mais Janik Top ou Bernard Paganotti sont des bestioles difficiles à apprivoiser et la batterie virevolte en un ballet de charlestons flamboyant. Tous deux précipitent alors les choses, s'annonçant sérieuses avec une bonne vieille rythmique formatée jazz rock. Fabien Fiorini est lui adepte du free. Il ne joue que du piano, nous épargnant le synthétiseur, plaie de nombreux groupes. Poussé par le saxophone de Fabrizio Cassol, il dégage l'énergie primale des musiciens. Cassol conclut par une cadence de hard bob joué rock, soulevant par assauts tortueux le dernier petit flegme. Il compose toutes les musiques, ce qui vu l'étendue du travail, impose le respect. Finalement, Aka Moon ne serait qu'un bon groupe de jazz rock inspiré et inventif, s'il n'y avait pas ces neufs autres musiciens - saxophones, cuivres, clarinettes et flûte, un piano et deux guests - improvisant tous et s'emportant jusque dans le free, interprétant jusqu'à l'incandescence thèmes et accompagnements. Toutes ces énergies convergent vers un seul scintillement : la vie ! Aka Moon joue de la vraie musique vivante, grâce à laquelle il transporte bien des âmes. La longue discographie du groupe sur ce même label belge pousse à la curiosité.