Albin de la Simone

Albin De La Simone

par Olivier Santraine le 21/02/2002

Note: 6.0    
Morceaux qui Tuent
Les piranhas


Le disque curiosité du mois, livret plié à la main, aucune info, juste des pieds dessinés sur la pochette... Rien a voir pourtant avec un certain Jean-Jacques qui ne joue que pour eux, Albin de la Simone rode dans une autre catégorie, celle des auto-produits minables. Ce mot n'est pas trop fort, c'est sûrement aussi lapidairement qu'a été défini "La fossette" de Dominique A à sa sortie, un autre disque de rien. Les premières images qui viennent sont celles d'un synthé pourri dans un grenier froid, d'une boite à rythme anorexique, du quatre pistes du grand-père, le tout joué par un autiste tourmenté par sa vie, la mort des autres, ses relations sentimentales et ses souvenirs. Les paroles sont toutes poétiques, on l'imagine enfermé dans sa chambre, éclairé à la bougie, gravant au Bic les mots forts de "Ton pommier" - l'histoire d'une pendaison ("Lequel des deux s'est pendu à l'autre") - ou de l'étonnant "Les piranhas", conte de la vie ordinaire, de l'ennui et de la honte qui tombe sur celui du couple qui reste à la maison, au chômage, et qui pète les plombs. Ça fait un peu post-ado mais le cœur est atteint. Le reste est moins accrocheur, évoluant d'énumérations sans queue ni tête (tout le monde a déjà fait ça, de Nino Ferrer à Diabologum) à des souvenirs tellement ressassés qu'ils en sont lessivés, sans couleur ni relief. En fait, Albin de la Simone aurait pu trouver sa place en 1915 chez les Dadaïstes (pour certains propos absurdes) comme en 1990 dans la scène française, au rayon jeune entre Dominique A et Philippe Katerine. En 2002, les frissons que procure ce disque sont rares, Albin de la Simone, pas l'album de la semaine.