Bienvenida

Alexis Mauri

par Mwanji Ezana le 23/02/2002

Note: 8.0    

Alexis Mauri présente sur "Bienvenida" un petit panorama personnel et dansant de la musique électronique commerciale d'aujourd'hui : house et hip hop en constituent le principal, avec quelques touches de drum'n' bass ou de samba, sans oublier les apports du funk ou du jazz (acoustique et électrique). Une des qualités de cet album est que Mauri sait que la musique du dancefloor doit être modifiée (condensée, plus variée) afin de résister à l'écoute à domicile. Ainsi, aucun morceau ne traîne en longueur, ni ne se laisse enfermer dans une répétition sans fin. La house est dans tous ses états sur quatre morceaux. "Esmeralda" se borne à être un bon gros beat house dense et dansant avec un solo de Fender Rhodes funky. "Strawberry Lane" se distingue avec son intro au beat plus défait, un "Huh !" James Brown-esque noyé de reverb et son astucieux mélange de basses électrique et acoustique. "Night lines" nous laisse avec une basse envahissant tout l'espace possible, et présente une interlude drum'n' bass bien annoncée par la charleston. Le fantastique "Bienvenida" se situe encore à part, commençant avec une évocation oblique du Brésil à travers une charleston traitée comme shaker et une caisse claire samba discrète, derrière un beat house, une guitare rythmique funk et une basse polyrythmique. Le Brésil éclate enfin au grand jour avec une mélodie de carnaval jouée sur un vieux synthé et une rythmique entièrement samba. En contraste, on trouve des morceaux tout aussi réussis, mais plus légers, avec plus d'espace. "Fear in flight", notamment, consiste en un poème de la toujours excellente Ursula Rucker posé sur une rythmique hip hop où une guitare orne doucement les paroles, hésitations et explorations de Rucker. "U'S variations", avec sa mélodie triste évoluant à un rythme glacial, rappelle Nils Petter Molvaer, tandis que "Not every angel", avec son traitement de la voix et du son fait plutôt penser à Massive Attack. Dix morceaux bien ficelés, sans excès ou carences trop audibles, évocateurs ou entraînants, font de cet album un moment plus qu'agréable, entre dancefloor et fauteuil.