C'mon and join us

Alzo & Udine

par Jérôme Florio le 18/01/2008

Note: 8.0     
Morceaux qui Tuent
C'mon and join us
Want your love


On aurait bien aimé voir la tête de Yashiro Nagato, un producteur de disques japonais, quand il reçoit un coup de fil de son idole Alzo Fronte en 2002 : ce dernier le contacte après avoir découvert, médusé, l'existence d'une réédition japonaise de "C'mon and join us", un enregistrement de 1968 avec son groupe Alzo & Udine. Introuvable car retiré du business depuis 1973, Alzo est devenu antiquaire à Port Jefferson (New York), bien loin de s'imaginer le statut "culte" de ses enregistrements de l'époque.

Alzo et Udine se rencontrent à l'adolescence, et jouent dans une formation au milieu des années 60, The Insanities. Après le split, ils forment leur propre groupe. La maison de disques Mercury leur propose un contrat d'enregistrement après un de leurs concerts au club new-yorkais The Bitter End : ils entrent en studio et produisent "C'mon and join us", qui connaîtra une carrière tronquée à cause d'une mauvaise distribution. Le duo déroule une pop groovy, aux sonorités latino et soul – le single "All my lovein'" est très inspiré du "Soul man" de Sam & Dave. Les réfractaires au falsetto risquent de souffrir à cause des voix hautes perchées, mais ensoleillées et enjouées, insouciantes. Les compositions d'Alzo sont assez simples dans leur structure, plusieurs procèdent selon la même progression : une base à la douze cordes acoustique, irruption d'une rythmique enlevée, avec des arrangements de cordes et de percussions. La recette, bien qu'épicée, est peu variée sur plusieurs titres, dont les meilleurs représentants sont "Hey hey hey ("She's ok")", et "C'mon and join us". D'autres compositions élargissent le spectre musical d'Alzo & Udine, en insistant sur la qualité des arrangements : "This room" entre Beatles et harmonies vocales californiennes alanguies, avec de discrètes touches de vibraphone ; le countrysant et potache "Drag of a bag" avec banjo et harmonica têtu, ou surtout "Want your love" tout en clavecins, cordes et violons pizzicato.

Alzo enregistre ensuite deux autres disques : "Alzo" pour Ampex en 1970, et "Takin' so long" pour Bell en 1973, qui ne verra le jour que trente ans plus tard au Japon. On peut remercier les japonais monomaniaques (et maintenant RevOla) à l'origine de la redécouverte de "C'mon and join us", qui trouve une place dans nos discothèques pas très loin des Pale Fountains.