Helium sunset

An Pierlé

par Xavier Georges le 10/01/2004

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Sorry
Nobody's fault
Sing song Sally


Après "Mud stories" paru en Belgique et aux Pays-Bas en 1999, "Helium sunset" est le deuxième album de la multi-instrumentiste An Pierlé, produit avec Karel de Backer de Zita Swoon dans un laboratoire désaffecté.

Dès le titre, la dualité qui présidera à l'ensemble de l'album est annoncé : l'hélium et le coucher de soleil, la légèreté et la gravité. Coté hélium, "As sudden tears fall" et la nonchalance aérée du piano Fender Rhodes, "Sister", le morceau le plus expérimental et aussi le plus énervé, débutant par des grincements énergiques et inquiétants de violoncelle rejoints plus tard par la guitare et le piano pour se fondre en une orgie décadente. Pour les retardataires, la comparaison avec Tori Amos devient ici flagrante, pour la voix et la diction autant que pour l'utilisation très personnelle du piano. Coté hélium toujours, le ballon prend encore de l'altitude avec l'éponyme "Helium sunset" puis, après le petit plongeon désabusé de "Medusa", s'élève encore un peu plus avec "Once again". Reculer pour mieux sauter ? Une preuve du talent d'An Pierlé surtout, capable de varier radicalement ses ambiances musicales, du jazz au rock via le trip-hop, rappelant parfois Kate Bush ("Helium sunset", "Once Again") ou Nick Cave ("Medusa"), voire même, comme elle n'a peur de rien, déboucher sur une chanson (le tube !) pop féminine à guitares comme on en connaît déjà des milliers, "Sing song Sally". Et pourtant celle-ci se laisse écouter comme si c'était la première... pour son inoubliable "Whoehoewhoehoewhoehoewhoe hoe hoe", pour sa structure pas si conventionnelle qu'à première vue, pour sa transition électronique martelée par un robot au moment exact où l'on croit la mécanique trop bien huilée...

Coté sunset, le ton est donné par "Sorry", morceau jazzy servi dans son écrin de piano et de velours sur lequel An déborde de sensualité, l'inquiétant "Nobody's fault", le chaleureux "Kiss me". Sur ces trois morceaux-là, An Pierlé démontre l'ampleur de la relation passionnelle qu'elle entretient avec son piano, à la façon d'une Tori Amos. Enfin le tableau se complète par deux derniers morceaux "Leave me there" et "Walk ", qui, sur un goût de trip-hop acoustique, laissent définitivement tout le poids du soleil couchant sur les épaules.